Poème:Diatribe Au Pape

Au nom du Père, du Fils, au nom du Saint-Esprit,
À cause du dégoût que je sens sourdre en moi,
J’accuse et je condamne, au diable l’hérésie,
Ces membres du clergé, qu’on nomme rénégats…

Fantômes de Sodome, missionnaires hypocrites,
Ignobles victimaires, sadiques et masochistes,
Entre peine de mort et torture, j’hésite,
Vous qui avez mené tant d’âmes au sacrifice !

De ces milliers d’enfants dont vous avez souillé
L’esprit et profané, le corps encore pubère,
Pour assouvir cruels, vos instincts défroqués
Entre la croix du Christ et l’encombrant rossaire.

De ces milliers d’enfants, combien en sont restés,
À tout jamais meurtris, blessés jusqu’aux tréfonds,
Se souvenant parfois, hurlant miséréré,
L’époque de l’angoisse de la génuflexion.

Fallait-il être lâche et veule et implacable
Pour s’attaquer ainsi à ces proies impuissantes !
Écorcher sans vergogne des cerveaux malléables
Pour laisser libre cours à des passions démentes.

Quel immonde tableau que ces hommes en robes
Se prévalant du titre de ministres de Dieu
Se vautrant sans pudeur dans la boue et l’opprobe
Avant d’aller chanter leurs prêches religieux…

Mais toi, Sa Sainteté, Grand Souverain Pontife
Que faisais-tu pendant que ces bêtes en rut,
Dévoraient ces enfants et qu’à grands coups de griffes
Leur arrachaient le cœur comme des oies qu’on charcute ?

Oh Vicaire de Jésus ! Toi qu’on dit infaillible,
N’as-tu pas entendu les cris de ces gamins ?
Et n’as-tu pas eu vent des fautes irrémissibles
Que commettaient ceux-là… qu’avait bénis ta main ?

Ils avaient, me dit-on, la grâce vaticane.
Allons, je n’y peux croire, quel propos licencieux !
Seul’ment j’entends la voix de Satan qui ricane,
« N’est-ce pas d’acquiescer que de fermer les yeux ? »

Mais au fond qu’étaient-ils ces gamins résidants
Que des parias confiés aux Bons Pères des collèges…
En te taisant devant ces gestes dégoûtants
Tu as sanctifié là, un des pires sacrilèges.

Oh ! Toi le Blanc des Blancs tu as dormi paisible,
Bien à l’abri derrière tes fallacieux discours.
Ne crains-tu pas, parfois, ces versets de la Bible
Qui affirment que tout, oui tout, se paie un jour ?