Poème:Chapitre Ii - Le Souvenir Est Une Bulle D’air Qui Nous Suspe

« Le souvenir est une bulle d’air qui nous suspend à la Vie »
On ne gagne pas du temps, souvent on le perd
Et chaque jour jamais on ne le récupère.
Il se pose là où toutes nos larmes naissent.
Entre les rides qui sèchent notre jeunesse.
Au coin des yeux que l’on ferme une fois pour toute
Quand l’univers entier se met à notre écoute.
L’esprit devient alors esquif, l’âme, une voile,
Naviguant sur des vagues de nuit et d’étoiles.
On rejoint un monde où aucune fleur ne pousse,
Seulement des ailes sur le dos mort de tous.
Même s’il n’y a aucun saint. Le Ciel le sait.
Nous sommes tous vices, Hommes au noir passé
Qui avons traversé les limbes de l’enfer
Avec des ailes d’ange crachées par l’éther.
Si le temps semble long, le chemin n’est pas droit,
Alors la Vie est plus courte qu’on ne le croit.
Mais avant de partir pour ce dernier voyage
Je veux pleurer ceux qui s’en vont bien avant l’âge,
Ceux qui partent trop vite sans nous laisser d’adieu
Renverser parfois par le traineau de Dieu,
Ceux qui ont préféré se tailler les poignées,
Ou ceux qui ont fini par boire leurs années.
Pleurer ceux qu’on finit par abandonner seul,
Enrobés d’un très grand mouchoir blanc, d’un linceul.
Ô ils sont morts et les blessures restent vives
Pourtant, certains beaux jours on dirait tant qu’ils vivent,
Rient, parlent, chuchotent partout où ils s’arrêtent
D’une parole à un sourire qu’ils nous prêtent.
Mais la douleur reste. Un vieux regard la piétine
Comme s’il tenait une rose par une épine.
Tous, nous la ressentons un jour ou bien un autre,
Que j’appelle aujourd’hui, l’absence d’un des nôtres.
Aussi vrai que l’absence fait des solitudes
Sur des vallées grises que les couleurs dénudent.
Et qu’une personne, seule, ne peut vraiment
Combler toutes nos solitudes simplement.
Nous garderons des stigmates sous nos paupières :
Leurs images qui nous frappent comme des pierres.
Alors au fond de notre mémoire une lumière,
Sombre peut être mais qui brûle nos chimères.
Oui ! Il nous reste le souvenir des absents
Et l’agréable nostalgie que l’on ressent.
Un jour, je serai un des leurs, j’en serai un ;
Un absent qui était avant de n’être rien.
Mais qui prendra le temps de se souvenir,
Se souvenir du temps que j’ai pris à sourire.
Qui se souviendra de ce que nous étions ?
C’est à ceux présents que je pose la question.
Les instants perdus ont leur propre paradis…

Le souvenir du bonheur n’est plus du bonheur ;
Le souvenir de la douleur est de la douleur encore.
[George Gordon, Lord Byron]