Prose:Migration Coloré.

Le soleil à peine au-dessus de l’horizon, avait du mal à se réchauffer, forçant sa volonté, projetant ses timides rayons matinaux, doucement, caressant et couvrant tout sous lui, partageant sa chaleur salvatrice pour tout ce qui vie en dessous.

Le vivant alors, commença à se mouvoir tout aussi hésitant, que son prédécesseur flamboyant.

Au sommet de longue tige de chlorophylle les arcs en ciels végétaux, de toutes les couleurs de leurs pétales, relevèrent leurs chef, laissant paraître toutes la colonie de leurs semblables, qui s’étalaient en un champ splendide à perte de vue.

Les grands sages de bois au visage buriné à l’écorce parcheminée, secouaient une foisonnante chevelure d’émeraude, grand pilier guidant la salutation au soleil dans le vent qui les ébouriffe chaleureusement.

Le sol également grouillant comme s’il eut pu se mouvoir par lui-même, laissé place aux arthropode et hexapode voulant se montrer à tous les antipodes.

L’ondoyant tapis de verdure secoué par le vent en de multiples vaguelette, comme le flux et le reflux des marrées, donné la vision d’une mer agitée, dans une ondulation synchrone et hypnotique.

Tout en me délectant de l’ivresse du moment je levais les yeux au ciel. Fermant les paupières je laissai un petit air me caresser le visage sous la douce chaleur, donnant des couleurs chaudes sur mes pommettes hautes.

Mon sens de l’ouïe fut sollicité part un faible bruissement d’ailes. Soulevant le voile rose de devant mes iris, mon regard s’accoutumant à la soudaine clarté matinale, vis passer quelques volatiles épars dans l’immensité céleste.

Ceux-ci tout en me surplombant et d’un regard torve, suivaient comme une ligne imaginaire, les guidant vers un seul et même but, une commune direction.

Les premiers audacieux, ayant ouvert la voie, d’un souvenir ancien de leurs ancêtres, furent bientôt rejoints par de nouveaux arrivants. Qui en emmenèrent d’autres à leurs suite et chaque arrivage fus grossi aussi tôt. Comme une marrée montante aux triples galops, le sombre nuage de plumes aux milliers d’ailes se forma sous mes yeux comme sortie du néant.

Ébahi et admiratif d’une telle soudaineté et de l’immensité qui s’ouvrit à moi. L’essaim d’oiseau était d’une incommensurable taille et s’approchant de moi grossissant à vue d’œil m’enveloppa complètement.
En un instant je me trouvais le point central de ce tourbillon fascinant, dans ce maelstrom vivant.

Je fus transporté sans même qu’aucun ne m’effleure, j’étais devenu eux et ils étaient moi.

Nous partîmes si haut et si loin que mon esprit ne peut le concevoir. L’horizon n’était plus devant moi mais tout autour tout en me montrant la courbe terrestre. Nous continuions à nous élever toujours et toujours plus.
L’abîme bleuté par l’atmosphère, cache le noir cosmos environnant dans lequel je découvrais notre sphère de poussière et d’océan.

Mes guides à plumes n’étaient plus là, et seul je flottais en apesanteur. Puis doucement le voile rose sur mes iris se souleva et ma vision trouble se fît plus nette. Je m’éveillais allongé sur l’herbe grasse c’est là que je les vis.

Les myriades de fleurs saluèrent l’astre céleste flamboyant, tout en donnant leurs couleurs sur les plumes des oiseaux, éclairés chacun par un judicieux rayon de soleil, ils avaient morcelé le présent arc-en-ciel pour se vêtir de ses couleurs.

Le 18/09/20 à 23 : 13