Poème:Revivre

Il fut un temps pas si lointain
Ou je n’étais pas complètement noire
Ou j’étais plus que triste espoir
Ou je n’étais pas qu’une catin

Catin de chiffon délavée, usée
Oublié dans un coin sombre, poussiéreux
Remplis d’illusions sur tout les malheureux
Qui comme moi furent oubliés

Car fut un temps pas si lointain
J’étais une jeune femme fébrile
Qui dansait, paisible sur son ile
Jamais même effleurée par le chagrin

Poupée vaudoue bien esseulée
Qui à elle seule, subi tout le mal
L’oppression de ce cercle vicieux général
Je tente encore de me rappeler

Oui fût un temps pas si lointain
Ou je sentais encore la douceur de la brise
Ou la musique de la vie m’avait conquise
Au point ou rien ne semblait bien vilain

Puis on m’a brisée, laissé pour morte
Et des années durant je les ai crus
J’ai laissé mon âme errante perdu
Ne me croyant plus assez forte

Puis j’ai senti cette vie en moi
Cette nouvelle poupée de chiffon
Que je ne pourrais pas priver du bon
Du beau, du pur et de la joie

Je devais me rappeler de moi
Avant toutes ces sauvageries
Qu’a su me faire subir la vie
Pour éprouver durement mes émois

Et un peu avant que tu ne voies le jour
J’ai enfin réussis à me rappeler
Cette jeune naïve que j’ai été
Et qui renaitra pour partager son amour

Car mon tout petit, chaire de ma chaire
Tu as su me faire revivre mieux encore
Que je n’avais vécu au premier abord
Pour t’aimer vraiment comme une mère.