Poème:De Ma Fenêtre

Vu de ma fenêtre y’a pas de bouleaux ni de hêtres
Que des tours bondées de petits et de grands êtres
Un jeune au téléphone hochant la tête « du boulot demain peut être »
Et toi frérot dis moi ce que tu vois de ta fenêtre ?

De ma fenêtre je vois le ciel chargé de particules de pollution
Paris s’éveille, je me réveille, dans mes oreilles les bouchons de la circulation
J’entends les cris, les bruits, les manifestations, toujours de l’animation
Au oui j’oubliais les pigeons qui squattent les toits en souillant avec leur fientes le béton

Moi c’est fenêtre sur cour avec des barreaux jusqu’en haut
Une lame de couteau et me voici en cellule avec une planche et un tréteau
En cage pour des maux non maitrisés, j’avais la rage, comme un lion j’étais féroce
Des larmes coulent sur ces mots, j’ai joué au dur mais au fond je ne suis qu’un gosse

Vu de ma fenêtre je peux apercevoir mes voisins de l’immeuble d’en face
Pas de rideaux, rien n’est à cacher, de fesse, de profil de dos ou de face
Tarzan, Jane, et des lianes au cœur de la jungle sauvage de Kamasutra
A cette allure là il y’aura bien un bébé Mowgli qui naitra sur le sofa

Vu de ma fenêtre, automne été hiver c’est toujours le paradis sur terre
Un coin de verdure, un horizon à perte de vue, avec vue sur la mer
Toujours un vent au gout salé et la nuit un ciel parsemé d’étoiles
Une vue paradisiaque qui semble être tirée d’une carte postale ou d’une peinture sur toile

Sous ma fenêtre à n’importe quelle heure il y a des dealers
Jeunes, vieux, ados ou bobos ils accueillent tout le monde à bras ouverts
Beaucoup en manque d’amour, de repère, de confiance mais surtout en manque de veine
Des allers, des retours, mais surtout un aller sans billet de retour à destination hallucinogène

Moi j’ouvre les volets, la cour de l’école est juste à côté
Ca rigole, ça chamaille, ça chahute, ca se bagarre durant la récré
Toute cette innocence me rends nostalgique de mes années d’écolier
L’enfance une belle ambiance, des souvenirs qu’on ne peut pas décoller

Ma fenêtre à moi a pleins de petits trous, je vis dans une cave au sous sol
Sans papier et pourtant j’en ai plus de cents mais jamais le bon rester sur le sol
Dans le noir je passe des nuits blanches à rêver à des jours meilleurs
Alors j’éclaircis ma voix, et scande ces mots pour ne pas céder à la peur

Je n’ai pas vu la fenêtre depuis cet accident de mobylette
Branché à tous ces tuyaux, ces machines, sept jours sur sept
Je ferme les volets de mes paupières pour ouvrir en grand mon esprit
Une grande lumière m’éblouit serait ce l’entrée de la route du paradis ?