Prose:Un Conte…

À l’heure où le Soleil matinal transperce la brume de ses premiers rayons, à quelques brasses du rivage un goéland posé sur un rocher semble attendre quelque chose.
Face au vent venant du large, il est là immobile, telle la statue du Christ qui trônait à cet endroit même, avant qu’une énième tempête ne l’arrache à son socle.
Glissant entre deux eaux d’une mer calme, un phoque se présente à lui, se hissant maladroitement à ses côtés.
« Je suis là l’ami » dit-il au goéland «, tu ne m’as pas trop attendu ? »
- Non, « répondit le goéland » ne t’inquiètes pas «.
-Alors », poursuit le phoque « que me veux-tu ? Les esprits des animaux marins m’ont dit que tu avais besoin de mon aide ».
-Effectivement, j’ai besoin de toi, de ta capacité de naviguer, moi qui ne sais que voler. J’ai une aile fragilisée par l’attaque du faucon, bientôt planer et plonger ne me sera plus possible et je vais mourir. Emmène-moi sur cette île magique où tout redevient comme avant, où les maux se dissipent, où le gris devient bleu et la vie devient belle. «
-Monte sur mon dos, ne perdons pas de temps pendant que la marée est haute. »

Voilà nos deux compagnons partis pour leur périple.
Au début l’océan était calme, la traversée se passait bien, mais le vent s’est levé, des vagues se sont formées. Ils n’ont pas vu venir cette main liquide qui a désarçonné l’oiseau des côtes. Il a disparu dans un bouillon d’écumes.
Le phoque a cherché bien longtemps avant de se plier à l’évidence, son passager a bel et bien péri en mer.
Complément dépité, il se rendit tout de même sur cette île, se laissant échouer sur la plage en attendant… En attendant quoi au juste, un miracle ? Après tout, c’est bien l’île aux miracles, non ?
Le miracle se révéla à la vue d’un dauphin portant sur son dos, devinez quoi ? Notre ami le goéland à l’aile meurtrie.
Imaginez la joie et le sourire d’un phoque, d’une oreille à l’autre et les moustaches bien hérissées.
Au bord de l’estran se trouve un petit sanctuaire. Le phoque y mena son compagnon rescapé de la noyade, non sans avoir remercié le dauphin.
Un rayon lumineux éclaira cette espèce de chapelle. Une voix intérieure dît au goéland « je ne vais pas guérir ton aile, ton pays est trop loin pour pouvoir y retourner, et ce phoque est trop vieux, je le garde auprès de moi. »
La lumière devînt aveuglante et lorsqu’elle se tamisa, le goéland était métamorphosé en un superbe albatros pouvant regagner sa côte natale.

Lorsque vous verrez un goéland survoler notre Loire, repensez à cette histoire, votre serviteur ne l’aura pas rédigé pour rien.