Poème:Le Pendu

Il y a des liens,
Que l’on tissent,
Solides comme le crin,
D’autres qu’on délace
Ou qu’on délaisse,
Par manque de place,
Par maladrese
Ou un fil bien trop fin.
D’autres qui naissent,
D’un grand feu,
Qu’on avait cru éteint,
D’autres que l’on sait,
Par intérêts, par jeux,
Et ceux dont on tait
À jamais le désaveu.

Les lucioles autour de moi papillonnent,
Mais à leurs nuits, je suis insoumis,
Sans personne on n’est jamais quelqu’un,
Mais depuis que tu m’oublies, je ne suis plus rien.

Sans entraves, sans chaines,
Les gens auxquels on s’attache
Se détachent,
Et chacune de ces ombres,
Proches ou lointaines,
Marque chacune de mes veines,
D’une tache sombre,
Comme des fers,
Que l’on arrache.

À trop tirer sur la corde,
Nait que la discorde,
Et quand la colère bouillonne,
Quelques mots en l’air qu’on ne bâillonne,
Ferons que plus jamais on ne s’accorde.

Vous mes amis, mes amours, mes amantes,
Beaucoup d’entre vous,
Déjà me manques,
Petits moments d’histoire,
Jolies pépites de mémoire,
Que dans un coin on planque,
À part les soirs de cafard.

À trop laisser rouler la bobine,
S’envolent tous ces « one shot »,
Que jamais on ne rembobine,
Mais a ce cinéma et ses ficelles,
Ton image en transparence menotte,
La moindre de mes espérances,
Et a mis à jamais l’amour a la potence.