Poème:Enfance Meurtrie

Du haut de mes onze ans,
Un été soixante seize,
Croquant la vie à pleines dents,
Sans méfiance pour les grands.
Leur offrant toute ma confiance d’enfant.
Ceux-là m’ont trahie,
J’ai ressenti comme une injustice.
Pourquoi moi,
Si petite, si frêle, si menue ?
Un après midi, un dimanche,
Une maison remplie d’amis,
Des voix, des rires.
Un ami, le meilleur de la famille, comme on dit…
De sa voix mieilleuse,
Il demande à mes parents souriants,
S’il pouvait m’emmener faire une balade.
Moi, je ne dis ni oui, ni non,
Je ne l’aime pas.
Partis, juste nous deux,
Face à ce putain d’hipodrome,
Dans une Taunus bleu metallisée,
Il insiste pour m’asseoir sur ses genous.
Je ne comprends pas cette invitation,
Et l’innocence, que j’avais me brusque soudainement.
Sans oser rien dire,
Je comprends mais trop tard,
Aucune issue pour fuir,
Cet infect gros lard,
Qui ose fouiller mon intimité.
Il me viole avec ses doigts !
Je n’oublierai jamais,
Ce jour, où lorsque je me suis confiée,
De menteuse, on m’a insultée.
Maman, il m’a presque fallu vingt ans,
Pour qu’enfin tu me crois,
Mais toutes ces années m’ont blessée et meutrie.
Je t’ai enfin pardonnée,
Peut-être que tu ne voulais pas accepter que cet homme,
N’était qu’un chien !