Poème:Beautés

La lumière adoucie qui se pose en été
Le soir et qui s’épand avec sobriété,
Dans la forêt, le pré, le marais, la clairière
Séduit la fougère, le lierre et la bruyère.

Qu’elle soit sur la mer ou dans les océans,
Sur les monts enneigés, dans les canyons béants,
Entre les peupliers éclairant une allée,
L’éternelle beauté demeure inégalée.

Si les étés rayonnent, que sont les automnes !
Erables, châtaigniers, marronniers nous étonnent :
Avec soin, ils ont teint robes, cheveux, de roux,
De jaunes flamboyants que jalouse le houx.

Le miracle inouï est dans l’étonnant nid,
Joyau d’orfèvrerie assemblé et garni
Par le rouge-gorge, le corbeau, la mésange
De crin, de brin, de jonc, de roseau et de fange.

La beauté invitée par le dôme et l’autel
Pour animer l’église et l’esprit immortel
A passé le vitrail avec bleu, rouge, orange
Et le blanc du rayon qui transfigure l’ange.

La beauté des laids se remarque sans délai
Dans des yeux embués, délavés, sans reflet
Où brille un éclat, où surgit une étincelle
Qui fuse au cœur de la tendresse universelle.

Quel émerveillement que cet être innocent
Sorti blanc et rosé d’un antre rouge sang
Dont les doigts potelés serrent déjà le pouce
De la mère étonnée de cette force douce.

La beauté est le luxe de ceux qui n’ont rien
D’autre qu’un Sahara somptueux algérien
Où une flaque d’eau s’admire et se contemple
Aussi béatement que les piliers d’un temple.