Poème:Chant D’automne

Mon âme est écœurée, elle se sent trop pleine ;
Mon cœur est fatigué, de contenir sa peine ;
Pour dire au temps mauvais, que ma vie est bien vaine,
Je brave le grand vent, qui dehors bat la plaine ;

Et mon âme et mon cœur, s’abandonnent en chœur,
Au vieux chant automnal, le refrain des malheurs.

Maudissant mes tourments, d’une voix enrouée,
Je cours en aveugle, par le vent malmené ;
Je traverse au hasard, fougères et genêts,
Qui cinglent mes jambes, comme autant de fouets ;

La nature en colère est sourde à mes clameurs,
Mes appels au retour des grands jours de bonheur.

Le souffle batailleur du froid blizzard d’automne
Tempête sur ses proies, les feuilles et les hommes ;
Chahuté, je trébuche, sur le roc m’assomme,
Comme un mort oublié, sur la prairie fantôme ;

Et mon âme et mon cœur, cèdent au vent querelleur,
Dans la lande jaunie, désertée par les fleurs.

Je gis face à terre, près du mazet en ruine,
Qui hurle en résistant aux rafales de bruine ;
La pluie comme des vers, infiltre mes narines,
Pénètre au goutte à goutte au fond de ma poitrine ;

Comme si tout mon corps, en son for intérieur,
Gémissait en silence, suintant de mille pleurs.

Hasards et coup du sorts, vain efforts et déveine,
Ne trouvent nul écho dans cette boue malsaine ;
Mon âme est écœurée, elle se sent trop pleine ;
Mon cœur est fatigué, de contenir sa peine ;

Et mon âme et mon cœur, conjuguent leur douleur,
Dans la pâle lueur, de ce jour sans couleur.