Poème:Tout Le Monde Aime L’odeur De Ses Pets

Notre siècle étant celui de l’égo
Certaines phrases putrides
Que nous prenons parfois pour des nouvelles perspectives intellectuelles
Ne sont en réalité qu’un amas de propos pédants
Qui sort sans grâce de notre bouche si souvent imbécile
Et chose étonnante
Si celui qui les prononce est un bon orateur
Il produit une euphorie immédiate
Dans une assemblée de trous du cul
Bien loin d’être en odeur de sainteté
Quelle triste et asphyxiante vérité
Aussi certaine qu’un suppositoire à la glycérine
Qui permet à des chiures répugnantes de sortir de leur trou durant quelques secondes

Et ces certitudes affreusement nauséabondes que nous avons
Encouragées par un verbiage intarissable
Que nous volons à la dérobée d’une information piquante
Servie comme une épluchure d’oignon sous nos yeux aveuglés
Ne sont-elles pas les mères de notre sombre ignorance
Elles nous rendent même fiers dans des circonstances
Que même le paon s’arracherait les plumes pour nous écouter !
Nous les prononçons telles des paroles d’évangile
Pour éblouir les oreilles de tous et surtout les nôtres
Mais ces tentatives pour marcher sur l’eau
N’admettent que très souvent le triste sort de couler sous le poids de la bêtise
Et bien que notre esprit, dans un ultime sursaut, nous invite à pétarader en cacophonie pour remonter à la surface
Nous nous enfonçons encore plus profondément dans un bain de postillons merdiques

Et soudain, il se produit une chose incroyable
Au lieu d’être asphyxiés par l’odeur insoutenable de nos arrogantes flatulences
Nous voilà maintenant à nous réjouir de leurs effluves
Et à glorifier le divin popotin qui les émet
C’est à cette seconde précise que le fil entre la vanité et la raison se brise
Creusant un abîme dans des proportions telles que même le trône de Dieu y sombrerait
Et c’est ici que le triste miracle de la science humaine achève son oeuvre
En atrophiant définitivement les cloisons nasales de l’infâme pétomane
Qui sans attendre a déjà accordé à sa bouche le double rôle de sentir et de professer
Désormais, les traits d’esprit du rustre seront puants
Et les seuls élans que produira sa bouche
Ne seront que des bramées oiseuses et déplumées
Attirant à elles tous les culs terreux

Non décidément, même si vous aimez l’odeur de vos pets, éloignez-vous en !

Mrs E