Poème:Sommeil Comateux

Trois mois, un quart de l’année,
Un long moment passé,
A l’hôpital dans un lit
Où se sont brisés mes cris.

Un coma profond, insondable,
Ma famille a cru à une fable
De la médecine à mes dépends
Pour justifier l’état de leur enfant.

Des jours et des nuits passées
A attendre à mon chevet,
A veiller sur mon inertie,
A sonder un signe de vie.

Le docteur a déclaré :
« Son cœur est fatigué ».
Mes parents ont pleuré
De n’avoir rien remarqué.

Comment se pouvait-il
Que ce lit accueille leur fille ?
C’est tellement dur pour une mère, un père
D’imaginer son enfant quittant la Terre.

Ils ont prié.
Ils ont espéré
Voir se réveiller
Leur fille adorée.

Et moi je les entendais,
Même je les voyais
Penchés au dessus de moi
Portés cette croix.

J’aurai voulu leur dire
De ne pas en souffrir.
Que je n’avais plus mal
Malgré mon visage pale.

Mais chacun de mes cris
Finissaient dans l’oubli.
J’essayais en vain de parler,
Mais mes lèvres étaient scellées.

J’étais tellement fatigué
De toute ces nuits à batailler.
Que de pouvoir enfin fermer les yeux
Etait un bienfait merveilleux.

Oublier la réalité,
Oublier ma vie passée,
Etait tellement tentant
Que j’en oubliais mes parents.

Enfin ce sommeil, tant convoitée,
De mon corps et de mon âme s’emparait.
Je me laissais guider vers cette paix
Le sort déciderait de ma destinée.

Un cri déchirant brisa le silence
Ma mère découvrit mon absence.
Mon cœur venait de s’arrêter.
La vie en moi s’en allait.

Mais les spécialistes et les médecins
Ne voulaient pas que se brise le lien
Qui unissait la vie à ma chair déchirée.
Ils me ramenèrent à la réalité.