Poème:Monde Parallèle

Il m’arrive parfois de me regarder dans un miroir et de ne pas me reconnaître.
L’homme qui me regarde ne me reconnais pas non plus, comme si ce reflet me
Montrait un homme différent : celui que j’aurai dû être, que j’aurai pût être. C’est
À cet instant que ma vision se trouble et que je bascule dans mes souvenirs : ceux
Là même qui ont fait de moi un homme se retournant sans cesse sur son passé,
Rongés de regrets et de remords.

On ne sait jamais ce que la vie vas nous apporter, mais par contre, nous
Savons exactement ce que nous ne lui avons pas pris, ou ce que nous n’avons pas
Su lui prendre quand elle nous l’offrait. Je parle de ces moments loupés, perdus à
Jamais et ne subsistant que dans une infimes partie de notre mémoire, dans un
Grand placard à bazar de « si j’avais su ». Ce sont ces mêmes souvenirs que nous
Ressassons sans cesse, encore et encore, nous imaginant toutes les possibilités
Qui nous étaient offertes pour un happy end et qui ne sont jamais arrivées.

Certains disent qu’il ne faut avoir ni remords, ni regrets, que la vie que
L’on vit n’est que celle du présent et du futur, et qu’il faut savoir en profiter
Pleinement. Ceux là ne savent-ils pas que c’est justement de ce passé que découle
Tout le reste, présent et futur y compris ? Je me demande parfois si ceux là vivent
Leur vie ou ne font que passer à travers elle.

H. G. Wells avait un rêve de voyage dans le temps, un rêve fou pour
Certain, un idéal pour d’autre. Un idéal car permettant de devenir un homme
Sans regrets, sans troubles de l’âme. Un rêve qui permet de faire de soi l’homme
Que nous rêvions d’être.

Je pourrai m’enfoncer encore plus profond mais le miroir réapparaît
Et mon reflet n’est plus trouble. Ma vie d’aujourd’hui reprend son cours, coexistant
Avec ce monde parallèle qui me ronge doucement.