Texte:Auguste Romain

Ma fragile existence endiablée se nourrit d’une pitance diabolique récoltée sur une terre mécréante
Mes réflexes démoniaques protègent mon âme des ténèbres du couloir de la mort
Mon passage terrestre est une accumulation de catastrophes libératrices
Le jour de mon enterrement je souhaite avoir une pierre tombale anonyme avec une épitaphe vide
Ma source d’inspiration est intarissable comme l’amertume millénaire de ma couleur
Ténébreux et mystérieux grâce aux caresses provocatrices de l’ange de la mort
Mes démons sont de loyales fidèles compagnons
L’horloge du calendrier de ma vie est païenne comme les talismans de ces sorcières condamnées à goûter aux flammes du bûcher
Leur Dieu est le feu qui fait mijoter le mal dans mon esprit
Lucifer le sapeur pompier qui répond toujours spontanément présent en cas d’incendie
Je suis un miracle issus d’un viol brutal qui a détruit la dignité l’intégrité et l’équilibre d’une femme illettrée
Dans le miroir de mon avenir les drames les crimes et l’Amour se côtoient sans s’adresser la parole
À chaque déception les dialogues sont silencieux quand les souvenirs s’expriment face à des cicatrices indélébiles
Le divorce m’a fait découvrir le véritable don de soi dans la solitude après de longues nuits blanches à réfléchir seul dans une chambre noire
Parfumé à l’allégresse pour étouffer les senteurs de la tristesse qui émanait de ma réalité immédiate
Cloîtré dans un immeuble délabré avec une voiture en panne garée au parking
Tout est futile dans la vie mes vices me l’ont rappellé quand j’ai sombré dans la dépression
Aucune main pour me rattraper dans ma chute
La descente aux enfers c’est faite jour après jour comme une tumeur cancéreuse incurable
La confusion avait pris le contrôle de ma conscience anesthésiée au cannabis
Toujours compatissant quand je croise un sans abri dans la rue