Poème:Verlan Et Verlaine

La question de Verlaine
Était amourachée
A son frère de peine
Le Rimb’ rabiboché.

Tous deux et ensembles
Comme depuis tout temps
Se devaient de coupables
Et vrais émoluments.

Leur couple avait duré
D’éclipses en idylles
Un peu protraituré
Par les censeurs virils.

Ils étaient des intimes,
La Vénus sans mégarde,
Et sur le quai des rimes
Avaient baissé leur garde.

De bons compagnonnages
Et de constitutions
Frêles, en frères ou otages,
Allaient en concussions.

C’était des partisans
De la gentille ébauche
De la folle débauche
Donnée aux quatre vents.

Ils semaient les semailles
De leurs vers roturiers
Et fauchaient les canailles
Aux verres argentés.

D’eux l’on pouvait dire
Qu’ils étaient minuscules
Mais aimaient à maudire,
Ces sots qu’on émascule…

Dans des cercles fermés
De capitans graisseux
Au verbe désarmé
Verlan les toisait, eux.

Et le Rimb’ bien mignon
Qui aussi était parme
Rigolait des chignons
Tout défaits dans les larmes.

Ils n’aimaient personne
Et personne n’aidait
A porter leur couronne
De fleurs, de bois, de jais.

Et nos chers enfantins
Tout à leurs jeux soudains
Et d’affres affriolantes
Pestaient tels Dieux de Dante…

Ils se sentaient bénis
De foutre et de Cadix
Et même un pénis
Ne valait qu’un penny.

La joie parfois rentrée
De nos hurluberlus
S’était là concentrée
Sur eux ; proies farfelues.

On avait le Verlan
Et sa gueuse pauvre
Au mariage et vêlant
Telle en des marécages…

Mathilde était fidèle
En princesse souris.
Des peurs irréelles,
Elle avait tant, pardi !

Elle enfantait si mal
D’un bien drôle blason
Et même avec six mâles
Tout Morts dans des caissons…

Elle aimait son mari
Le Verlan Colibri
Qui pépiait à l’envi
Ses vers de broc, de bric…