Poème:Poésie Champêtre

Maudissant ce merle me toisant de son regard hautain
En plus d’être fier de m’avoir, de son chant, sorti du lit,
J’enfilai prestement le premier jean tombé sous ma main
Bien décidé à sévir à l’encontre du volatile si malappris.

Il me parut goguenard l’impénitent moqueur chantant
Qui, finalement, m’estimant trop proche de lui s’envola
Me laissant, pour l’occasion, la sulfureuse tirade du pédant,
Offusqué de mon audace à interrompre son matinal opéra.

Je riais, il ronchonnait encore tout là-bas dans le lointain,
Je le perdis de vue, gêné par un rayon de soleil taquin.
Maintenant levé, sommairement vêtu et ne voulant point
Me mettre en frais d’une grande toilette de si grand matin,

Mes anciennes humeurs sportives ébauchèrent l’envie
D’une saine balade, revigorante certes, mais toute gentille.
Aux entours de mon pays, il ne manque de jolis paysages,
Rien de plus agréable que traverser prés et pacages.

Laissant mes pas me mener, mêmement me surprendre,
Vitement m’aperçus qu’ils vagueraient jusqu’au riot,
Dont les murmures, au fur et à mesure, se faisaient entendre,
Dominant peu à peu, de l’aumaille au pré, les grelots.

Bordée d’une grande variété fruitée, cormes et guignes,
Prunelles et noisettes, une agréable et ombragée clairière,
Menait lentement mes pas, en pente douce, vers la rivière,
Lorsque, perdus au milieu de l’ouche, me firent signe

Des bessons occupés avec leur brebiage les faire pacager.
J’hésitai à comprendre leur envie de vouloir barguigner,
Me sentant coupable, sans doute, à l’idée de les détemcer.
Poli, je répondis à leur signe puis restai là sans broncher,

Leurs laissant volontiers l’endosse de venir à ma rencontre.
Timides peut-être, gênés de ne point trouver rien à me dire
Sans un geste vers moi lorsque je décidai enfin de repartir.
L’un ou l’autre des deux eût il quelque chose à mon encontre.

Parvenu tout de même au lit de mon ru, là où il cascadait,
Je vis, non loin de sa berge, un moulin fait de brobilles
Prestement chapusées qui, soyez en certain, fonctionnait.
Pour m’asseoir enfin, je m’assemblais un lit de brindilles,

Et confiai mon coeur, mon corps et mes idées aux soins
De Dame nature me laissant bercer par son doux refrain,
Tant et si bien qu’elle en aurait, mon sommeil, affiner
S’il n’y avait eu cette prêle pour me chatouiller le nez.

Origami
Juin 2016