Texte:Handicaper A Vie

A la fenêtre comme chaque soir, Paul scrutait l’horizon en balayant ses souvenirs, ses espoirs. On pouvait lire au fond de ses yeux une grande tristesse. Cela fait trois ans que sa femme et sa fille sont partis vers d’autres lieux. En effet un soir d’hiver il découvrit sur la table un mot lui indiquant « la vie n’est plus possible ici et je préfère m’en aller en emmenant Julie ». Il est vrai qu’il est difficile de vivre au côté d’un handicapé. Paul n’a plus marché depuis son accident il y a 5ans. Aujourd’hui il vit seul, à l’âge de 40ans il ne croit plus en rien, bien qu’il n’en veut à personne il comprend que la vie à pousser une chaise roulante n’es pas facile. Sa vie était devenue infernale, aucune envie, pas de sourire il s’enfermait sur lui-même. Donc c’est tout à fait compréhensible de ce qui lui arrive. Mais aujourd’hui il y a de l’espoir pour qu’il puisse marcher, bien sûr il lui faudra des prothèses mais au moins il pourrait se déplacer seul.
De l’autre côté du pays vivaient sa femme et sa fille, il n’avait pas divorcé, sa femme ne l’exigeait pas. Caroline pensait souvent à Paul et elle s’en voulait de l’avoir abandonné mais c’était trop dure de vivre avec un étranger car c’était ainsi qu’il était devenu. Julie à aujourd’hui 20ans et depuis la désertion de la demeure familiale, elle n’a jamais parlé de son père. Pourtant ils étaient complices. 10ans se sont écoulés.
Caroline eu un sursaut quand la sonnette de l’appartement se fit retentir. Un jeune homme se tenait devait la porte, costume noire et l’expression du visage donnait froid dans le dos. « Bonjour Madame, j’ai une triste nouvelle à vous annoncer, je suis le professeur d’anglais de Julie » il n’a pas eu le temps de finir sa phrase que Caroline se mit à sangloter, émettre des cris incompréhensibles. « Madame votre fille n’est pas morte, elle a eu juste un accident » elle se ressaisit et fût légèrement rassuré et bien sur elle lui demanda ce qui c’était passé. « Écouté ce que je peux vous dire c’est qu’elle est consciente et elle se trouve à l’hôpital Pasteur, je vais vous accompagner » En rentrant dans la chambre d’hôpital elle ne pouvait pas retenir ses larmes, « ma fille ma pauvre petite fille que t’es-t-il arrivé » « maman je n’ai pas fait attention en traversant et un camion à rouler sur mes jambes, je vais être comme Papa ! » En effet l’accident a provoqué de gros dégâts sur ses jambes et comme son Père elle sera handicapé. Six mois plus tard voilà Julie en chaise roulante, ses réactions sont les mêmes que son père et Caroline comprend mieux les réactions de son mari. Elle décida donc d’aller le revoir et lui raconter le drame.
Elle fût surprise de voir son mari debout quand il lui ouvrit la porte, il se retenait de ne pas lui sauter au cou et lui dire combien il l’aime encore et combien il s’en veut d’avoir réagi égoïstement. Au contraire c’est Caroline qui lui sauta au cou, elle le serra très fort. « Doucement ma chéri, je n’ai pas trop l’équilibre, je suis très heureux de te voir » Après quelques échanges de mots, ils étaient rassurés que personne n’était rentré dans leur vie depuis leur séparation. Mais quand Caroline raconta ce qui était arrivé à leur fille il dut s’asseoir et à son tour il tomba en sanglot en hurlant que la vie était trop injuste.
Le cocon familial se recomposa et Julie était devenue silencieuse. Caroline a dû travailler pour subvenir au besoin de la famille, c’était Paul qui poussait tant bien que mal la chaise de Julie. Durant toutes ces balades il lui racontait comment il a fait face à sa tragédie, il essayait de lui parler mais pas de réponse. Quand un jour Paul dit à sa fille « je vais partir, je crois que ce sera mieux pour toi car avec ta mère au moins tu échangeais quelques mots, et je ne veux pas que ma compagnie soit un fardeau » Julie eu les larmes aux yeux et décida enfin à lui parler. « Non papa ne pars pas je t’aime et je m’en veux de réagir ainsi, ce que je vais te dire il ne faudra jamais le dire à maman, tu me le promets » « bien sur ma chérie tout ce que tu veux, je te promets de garder le silence ».
Mais que pouvait bien cacher Julie, Paul eu la surprise de sa vie quand sa fille lui annonça que ce n’était pas un accident mais qu’elle voulait se suicider car il lui manquait. Durant ses années loin de son Père était pénible. « Ma chérie je ne dirais rien t’inquiète je ne trouve pas les mots, toi aussi tu m’as manqué ; Aujourd’hui nous devons nous battre pour que la vie soit meilleure et ta mère ne doit pas subir ce qui nous arrive, ok » « oui papa tu as raison, la vie va changer, nous allons rire et vivre avec notre handicap, après tout on a la santé » Des rires voire des éclats de rire s’ensuivent. Caroline en rentrant le soir eu l’agréable surprise de voir ses deux amours, rire en préparant le diner, de plus un cadeau l’attendait, un voyage pour trois aux Baléares pour une semaine. Je dois vous dire que l’émotion fut grande, même handicapé la vie peut être très belle.