Poème:Illusions

Je repense parfois, à l’approche du soir,
Quand les ombres confuses donnent une âme aux choses,
Au vieux banc du jardin, où tu aimais t’asseoir,
Dans les parfums mêlés de lilas et de roses.

Je te revois, le nez levé vers la grand’ourse,
Enveloppée de lune. Tu me parlais de nous.
De temps en temps, le temps ralentissait sa course,
Et tu t’assoupissais, le front sur mes genoux.

Quand le ciel d’anthracite devenait mauve et rouge,
Que s’agitaient les feuilles aux tout premiers frissons,
J’épiais, dans le silence, avant que tu ne bouges,
Les fléaux de nos cœurs battant à l’unisson.

Je lissais, sous mes doigts, tes cheveux de dentelle,
Et mes rêves avaient l’odeur sucrée des pins.
Je croyais, pauvre fou, nos amours immortelles,
Tandis que tu dormais jusqu’au petit matin.