Slam:Mes Dimanches Sucrés

Mes dimanches sucrés

Ces éveils m’accueillaient de leurs arômes chatoyants
je savais sans réfléchir que j’entrais dans un jour sans école
le lever était précédé d’étirements souriants
j’allais en ce jour divin déguster les gâteaux en farandole

Le dimanche était pour moi jour de réconfort
je vivais chaque minute intensément, gourmandement
le petit déjeuner débutait sur les plus beaux accords
l’omniprésence des denrées mystifiaient ce doux moment

Un ballet d’ustensiles mettait en scène cette chorégraphie
une symphonie pâtissière fredonnait à mon oreille
mon chocolat chaud comme chef d’orchestre de cette euphorie,
les prémices de ma gourmandise naissaient dans les appareils

Pas de doigt inquisiteur ni de vindicte pour interdire aux miens
d’essuyer les bords de la jatte enchocolatée
le pourtour de ma bouche ainsi souillée, quel heureux gamin !
Maman ne boudait pas son plaisir de me savoir récompensé

Sur la table enfarinée se dessinait la carte de mon voyage
la pâte étalée devenait un continent que j’allais explorer
la crème cuite recouvrait cette étendue de son nuage
mon impatience était aussi grande que la tarte que j’allais dévorer

Je voyais naître dans l’antre du four biscuits et autres voluptés
une fée m’avait sûrement baptisé à la chantilly
j’avais l’impression d’être un petit saint honoré
par des diablesses tentatrices qui m’intronisaient dans ce paradis

Malheureux celui qui n’a jamais connu ces jours à ne rien faire
qu’à se laisser aller et se délecter complice de l’indécence des cinq sens
l’organoleptique comme maitre d’œuvre de ce concert
devant ces délices le péché capital devenait ma plus belle offense

Si je n’avais dû aller servir la messe, j’aurais été le seigneur
ou l’humble serviteur de ma paresse dominicale
devant l’autel pâtissier j’aurais pu demeurer à genou des heures
et prier pour que jamais le soir n’arrive et ne me ruine le moral