Poème:Ma Nature Est

Je suis ma nature, beaucoup chlorophylienne, un peu glauquissime
J’ai les yeux comme cernés de noir, et je suis le prédateur paresseux des autres
Je suis aussi le prédateur victimisé par les autres, cela arrange les autres car cela leur évite de penser que je suis un vrai prédateur
Apparement je ne choisis pas mes proies pour me nourrir, mais mes proies ne choisissent pas non plus de prédateurs pour perdre quelque chose
La lumière est devant moi, mais au lieu de renvoyer de la lumière, elle ne fait que renvoyer mon image
La lumière est-elle la lumière ou la chose éclairée ?
La lumière éclaire aussi derrière moi un rideau, qui bien qu’il ne soit pas rouge, semble prendre la teinte du fluide intérieur vital
Le rideau est fermé, et derrière se trouve des fenêtres fermées aussi, et des volets clos
Ce qui est derrière nous semble toujours plus vivant que ce qui nous attend
Car bien que ce qui est derrière nous soit derrière, il semble pourtant que cela nécessite de la résolution, comme une équation à la fois utile et inutile
Le temps ratrappe toujours ce qui n’a pas été résolu, mais apporte aussi des irrésolutions, comme si au fond rien ne se résolvait jamais, comme une chose finie et close
Et nous découvrons très souvent que la résolution n’est qu’une illusion, dont le côté illusoire se porte sur la non-importance de ce qui a été résolu
En ce sens que nous résolvons et nous résolvons et nous résolvons, sans jamais résoudre le fait même de devoir résoudre
Aurions-nous besoin de ne pas résoudre la résolution ?
Vivre c’est s’adapter, mais s’adapter est-il vivre ?
S’adapter est-il même résoudre ?
A défaut de résolution, nous adaptons-nous pour ne pas réellement nous adapter à l’irrésolution ?
Et devant cette irrésolvabilité, ne devons-nous pas nous contenter de simples opérations, bien moins compliquées que des équations ?
Des additions, des soustractions, des multiplications et des divisions ?
Qu’en est-il de celui qui fait ces opérations avec des fractions, des pourcentages, des chiffres à décimales etc ?
Vit-il plus ardiement et plus intelligemment que les autres ?
Je suis un prédateur mathématicien tout en pensées,
Mais je ne réalise pas souvent que les équations me sont difficiles voire inconnues
Je suis verdâtre, et derrière les rideaux rouges se cachent toutes mes enfermetures
De plus, derrière ces enfermetures il est bien trop d’éclosions clôturées, qui illusionnent tous mes matins, comme s’il s’agissait de journées
Je suis ma nature, et, ma nature est…