Prose:Le Temps Passe En Un Battement D’aile

Encore et toujours ce paysage qui défile, toujours le même genre d’arbres et de fleurs, de bâtiments et d’inventions extérieurs. Jamais ne s’arrête ce défilement, jamais ne s’arrête le temps ni se pose un moment ? Tout est sombre en mon esprit désormais seul un chemin sinueux serpente jusqu’au fond de mes pensées et suit le tracé de ma vie, tel mon quotidien, ma routine bercée par cette ligne régulière de Tgv, mon passé m’apparait l’espace d’un instant, passe le temps à la vitesse grand V. Mes yeux contemplent le torrent des larmes versées par l’univers projetant son épanouissement contre la vitre glacée, qui s’imprègne en moi comme la violence de l’ouverture première de mon âme et mes sens au monde, de l’arrachement de mon être du sein de l’éternelle verdure de mère nature pour cette bulle d’architecture, de manufactures artificielles. Goutte par goutte, minute après minute, mon esprit s’ouvre à ses souvenirs, tel un livre ancien, c’est avec soin qu’il en tourne les pages, tout mon passé me submerge et s’écoule. L’odeur de la pluie, qui flotte dans l’air s’échappant par bouffées pesantes de la fenêtre, amène le papillon de mes pensées à se poser sur l’été et ses marées. Le sable fin embrassant ma peau, ton regard passionné, même ébloui, suit chacun de mes gestes pour glisser dans les profondeurs ténébreuses de l’oubli. Que furent mes pensées, mes attitudes, mes promesses ? T’ai-je rendu tes caresses ? Mon esprit vagabonde à la recherche des bribes de souvenirs, cependant, il ne se heurte qu’au vide, à l’éternel effacement longuement maitrisé par le temps. Rien, il ne reste plus rien que le présent qui pourtant marque l’écoulement du moment et l’éphémère papillon de mes pensées sera bientôt happé pour retourner en ce sein naturel. Tu déploies tes ailes pour profiter de la nuit avant de ne craindre le jour dévorant tes derniers instants, arrêtant à jamais tes battements. Tu finis dans le silence immense sans passé ni avenir, sans larme ni sourire oublieux des souvenirs. Tout est clair désormais face à ce repos infini de la mémoire et de l’esprit.