Poème:A Bout De Souffle

A BOUT DE SOUFFLE

L’attachement est ni plus ni moins stupide.
Mais comment ai-je pu être aussi cupide ?
Pourquoi m’aimes-tu toi ma chère et tendre ?
Si seulement tu pouvais me réduire en un tas de cendres.

S’il était simple de quitter ce monde,
Il me faudrait encore choisir comment mourir.
S’il était simple de quitter ce monde,
Il me faudrait encore haïr ceux que j’aime.

Tu verserais une larme cimentant notre amour,
Un amour impossible comme tout ce qui m’approche,
Et par la force des choses tu m’oublieras à ton tour,
Rasant l’herbe sur mes pieds déjà froids ; tu me fauches.

S’il était simple de quitter ce monde,
Il me faudrait encore choisir comment mourir.
S’il était simple de quitter ce monde,
Il me faudrait encore haïr ceux que j’aime.

Me laissant boire à la mélancolie du soir
Et mangeant les racines des chrysantèmes,
Regardant les feuilles des hêtres choir,
Je n’ai aucune prise sur le temps alors blême.

S’il était simple de quitter ce monde,
Il me faudrait encore choisir comment mourir.
S’il était simple de quitter ce monde,
Il me faudrait encore haïr ceux que j’aime.

Je te regarderais vieillir d’un même oeil
Aux côtés de Chronos debout sur le seuil
De la maison aux milles facettes étincelantes
Comme les yeux des êtres chers à l’allure maintenant quasi lancinante.

S’il était simple de quitter ce monde,
Il me faudrait encore choisir comment mourir.
S’il était simple de quitter ce monde,
Il me faudrait encore haïr ceux que j’aime.

Ne pleure plus, la mort m’a accepté
Comme personne auparavant.
Elle m’a pris dans mon entier
Sans discourir sur mes défauts inhérents.