Texte:Serrons-Nous La Main.

Quand on est rassasié et repu,
la peau du ventre bien tendue,
on n’imagine pas ce que c’est d’avoir faim.
On ne reste pas sur sa faim.

« Ils n’ont qu’à travailler » s’écrient les bourgeois,
dans ce monde où le chômage est Roi.
Chacun veut faire pour un mieux,
mais ce n’est plus cela que la Société veut.

Elle veut des élites, des « diplômés universitaires ».
Elle veut être la première.
Tout le monde n’a pas le même don.
On peut être nul en une activité, en une autre bon.

Certains sont de bons ouvriers, d’autres de bons artisans,
tout le monde n’a pas le même talent.
Mais c’est la société des diplômés qui l’emporte.
Et pas n’importe quel diplôme : un prestigieux diplôme.

Ce diplôme en poche, tu décroches la timbale,
le monde est à toi, tu t’emballes.
Mais les poubelles demain matin ?
Mais les fruits et le pain ?

Voilà quel est le mal social, les diplômés de l’Université
méprisent les petits artisans, les simples ouvriers.
Ils veulent bien aller s’acheter une pâtisserie,
ou quelques objets de quincaillerie,

du labeur de l’artisan profitant,
mais d’en haut le regardant.
Le chirurgien doit serrer la main au carreleur,
à l’artisan grâce auquel il a une demeure.

Marchons tous à l’unisson.
Les plus démunis ne méprisons.
Plus personne ne doit jamais avoir ni froid ni faim,
plus jamais personne ne doit « rester sur sa faim ».