Prose:Deux Balles Puis Le Silence De La Mort !

Il y a toi, ce jour là,
Imperturbable et sereine
Il y a le silence qui s’égrène
Un moment qui fuit
Se fige dès que l’étincelle jaillit
Un coup part dans les tripes
La balle d’aplomb
S’enfuit dans la nuit morne et sévère
Qui ne sait pas attendre
Elle tranche dans le vif du sujet

Tu étais là, ce matin là
Habillée de ton innocence
Et priant
Que le soleil continue de briller
Dégageant l’ombre géante
Qui menaçait de couvrir l’horizon

Ton amie se collait à tes peurs
Pour pouvoir, à deux, dompter la terreur
Et le temps rouge qui s’enfuyait

Il était, comme toujours, pressé
Il est passé
Comme tous les jours, heureux
Le regard furtif et le pas alerte
Sa blouse blanche
Toute offerte
Aux salles grises où il opérait

Son regard ce matin là
Etait presque bleu de frayeur
Il n’a rien raconté de son cauchemar
Mais ses mains tremblaient
Le souffle presque lent
Et dans le grisaille
Sa cigarette mourait de sa fumée
Tu as cru apercevoir
Sa mort qui rôdait

Tu le revois aujourd’hui
Scalpel à ma main
Et les yeux profondément humains
Scrutant les entrailles de ses malades
Chérissant comme siens
Les enfants du peuple
Quand sa chirurgie le lui imposait…
C’est avec lui que tu rêvais
C’est grâce à sa grande chevauchée
Des sentiers fantastiques du pédiatre
Du professeur
Toujours prêt
Toujours à l’heure
Toujours frais

Ce matin là
Tu le voyais pour l’ultime fois
Sans que tu saches le protéger
Il avança vers son destin
Rassurant et rassuré
Deux ombres surgissant de nulle part
Par des balles folles et sanguinaires
En plein cœur
Ils l’avaient sauvagement achevé

Les hommes meurent en héros
Sur nous, ont toujours veillé…
Ils sont là haut,
Nous demandant
Humblement,
De prier.

22/09/2010
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Mme Fadela Belkhenchir, enseignante à la retraite annonce son sentiment : « Je ne pardonne pas. Non, je ne pourrai pardonner aux assassins qui ont décrété de tuer. Et sait-on au moins au nom de quoi ? Pourquoi le ferais-je ? S’est-on seulement soucié de savoir pourquoi on a assassiné mon mari ? Et pourquoi on a tué tant d’autres intellectuels, tant d’autres Algériens ? Pour quelles raisons a-t-on décidé un jour de faire disparaître aussi violemment autant de personnes ? Je veux simplement une réponse à tout ce mal pour pouvoir penser à cette amnistie, à cette réconciliation, dont on ne sait rien. Qu’on m’explique, c’est tout. » La veuve du professeur en pédiatrie à l’ex-hôpital Birtraria à El Biar, M. Djillali Belkhenchir, est catégorique. Rien ne saurait ébranler ses convictions en tant que veuve, mère, intellectuelle et citoyenne.
2 Mars 2005