Poème:Un An Déjà…

Petite silhouette transparente
Qui rase les murs sombres.
À l’intérieur, véritable enfer de Dante
Le ciel s’accorde avec elle, plein d’ombres.
Lumière brèves, bleues et rouges
Gyrophares déroulants dans la nuit
Liquide bleuté s’écoulant goutte à goutte
Par ce tuyau dans ses veines, sans bruit.

Taches de lumières, clignotement répétitifs
Trouent l’obscurité, l’empêche de fermer les yeux.
Comment dormir, dans ces draps impersonnels et sans motifs ?
Impossible de s’évader, ne serait-ce que pour un vœux.
Alors sa pensée vagabonde, elle fuit
Sa mémoire l’envahit, les regrets l’assaillent.
Elle se rappelle le jour déjà finit
Où tout a basculé, ça y est, elle déraille.

Elle revoit ce moment, où quelqu’un a ri :
« Tu as du blanc sur les lèvres, qu’as-tu fait ? »
Alors elle, comme les autres, a souri
Mais ses yeux pleins de larmes ne les ont pas trompés.
Elle savait bien, elle, que cette poudre pâle
N’était pas celle qu’ils pensaient.
Avec ses comprimés, elle pouvait la rendre mal,
La faire basculer, voire même la tuer.

Goût amer, qui reste au fond de la bouche
Ces membres, qui tout à coup deviennent lourds
Transformations infimes, mais qui font mouche
La gorge sèche, les yeux gelés, elle court.
Les questions affluent, pourquoi est-elle blanche ?
Elle n’a plus la force de les repousser
Quelqu’un de mieux placé, qui comme elle penche :
« Tu veux mourir ? » Juste le temps d’acquiescer.

Tout s’enchaîne, très vite, mais elle n’est plus là
En pensées, elle retrouve cette salle d’attente
Cette balance, qui dévoile les mensonges des derniers mois
Cette aiguille qui s’enfonce sans qu’elle la sente.
Les pleurs, les cris, le liquide salé qui s’écoule
Les questions sans réponde, les reproches
Les regards qui la tuent, au milieu de la foule
Les « pardon » murmurés en double-croches.

On lui attribue une chambre pleine de dessins glauques
Pas faim, goût de bile au fond de la bouche
La télé qui tourne, les images qui se bloque
Exténuée, elle ferme les yeux, elle se couche.
Il faut encore subir leurs attaques, piques répétées
« Pourquoi as-tu fait ça ? Inconsciente ! »
Stop, elle n’en peut plus, elle est épuisée
Si vous saviez comme elle regrette, de na pas avoir totalement dévalé la pente !

Elle voudrait sombrer, partir ou mourir,
Mais quitter cet endroit qui la glace
Pourquoi faut-il encore et autant souffrir ?
Si seulement elle pouvait voir la Mort, en face à face.
Les phrases s’enchaînent, sans queue ni tête
Elle ne sait plu ce qui arrive, réalité ou cauchemar ?
Tout va trop vite, dans ses pensées c’est la fête
Pelote de laine emmêlée, confuse, il est trop tard.

Puis les mois sont passés, jour après jour.
Celle silhouette fantomatique s’est peu à peu remplie
Plus, aussi transparent qu’avant, un autre tour
Peut-elle laisser cette date derrière, dire que c’est fini ?
Aujourd’hui, dans son lit recroquevillé
Elle entend dehors souffler le vent
Insomnie est là, elle ressort son carnet
Crache sa haine : C’était il y a pile un an.