Poème:Des Petits Riens De Tout

Comme le vent léger d’un soir de fin d’été
Comme l’éclat flottant d’une bougie de veille
Comme l’eau s’insinue sous les herbes du pré
Comme le bruit des mots murmurés à l’oreille

Comme le craquement de la feuille d’automne
Comme les pas perdus de l’enfant buissonnier
Comme le froissement d’un vieux papier carbone
Comme l’odeur passée d’une encre de cahier

Comme la lune brille au bout de la nuit sombre
Comme le point du jour au fond de la vallée
Comme le chiffre clé camouflé dans le nombre
Comme le rouge ardent d’un feu de cheminée

Comme le fier beffroi d’un village oublié
Comme une balançoire au milieu de la place
Comme une cour d’école en plein mois de juillet
Comme un jouet fatigué qu’on jette ou qu’on remplace

Comme le sel discret sur une joue ridée
Comme un miroir poli sous le poids des regards
Comme un chemin de croix caché sous les ronciers
Comme un refrain de train dans une entrée de gare

Comme le grain poreux d’une carte postale
Comme l’oeil d’une mère au-dessus du berceau
Comme l’air du matin près d’un champ de pétales
Comme une main tendue par-dessous le manteau

Comme une longue attente à l’ombre d’un hiver
Comme un cadeau posé entre crèche et sapin
Comme le fil tiré d’un ancien pull-over
Comme le goût moelleux de la mie dans le pain

Comme un nom griffonné tout en bas d’une page
Comme le ton douillet de la voix d’un parent
Comme le son du fer là-haut dans les alpages
Comme l’écho lointain du rire des enfants

Comme toi près de moi malgré le temps qui meurt
Tu es tout à la fois mon dehors mon dedans
L’horizon de mes yeux la forêt de mon coeur
Où l’oiseau chante encore un éternel printemps

Ton étoile bergère anime un carrousel
Où chacun des chevaux est fait d’un bois précieux
Et où mon étendard taillé d’un coin de ciel
A fait sienne la loi d’un amour sans adieu