Poème:Horizon

Mon bonheur à moi, c’est l’horizon. Je le contemple les yeux brillants d’un désir émerveillé. Mais pour chaque pas que je fais vers lui, il fait un pas en arrière. Pour chaque regard que je lui adresse, l’horizon prend un air dégoûté.

Pourtant, c’était si beau, avant, un horizon. Vu de ces moments sans fin. La tête penchée sur le côté, près du cœur de l’Autre, il nous regardait hébété avec son air de guingois. Il avait comme un parfum… il respirait… parfois ému, il pleurait…
C’était si beau, avant, un horizon. Un clavecin immense aux accents vieillis, nostalgiques. C’était si beau… avant que le musicien ne se lasse de toujours jouer la même mélodie.
Il m’a fait dire une infinité de fois ce mot qui ne signifie rien
Eternité.

La beauté meurt. L’Eternité meurt. Tout meurt. On ne contrôle rien, les choses meurent.

La Fin. Qui pouvait croire que même l’éternité pouvait prendre fin ? Abrupte, rude, aiguë. La Fin.

Et j’ai voulu redessiner l’horizon plus près de moi, d’un trait rouge vif, un jour de soleil noir…