Poème:Un Peu Moins Sale

C’est une histoire ordinaire mais qui commence très mal,
Un peu valse de Vienne bref la télé, la pub et puis le travail
Une suite de jours insipides qui pourrissent ma grisaille,
Me font devenir fou, trembler et exploser ma tête sous la mitraille.

Avec une vie comme ça
Je ressemble à tous les autres.
J’ignore tous les gens
Qui sont autour de moi.
Ca me fait devenir glauque
Insensible et hagard.
Je me trahis et je me barre ;
Je deviens comme tout le monde un apôtre.

Et j’ai devant moi un Cerbère
Qui tremble comme moi.
Derrière lui, il y a l’enfer
Derrière moi c’est le froid.
Je deviens glacial comme un fer l’hiver,
Lorsque je vois ce qui arrive autour de moi.
Car j’ai vraiment peur d’y croire
Tout en sachant que c’est vrai.

Je me sens pourtant tellement coupable
D’accepter les non-dits.
Je sens qu’ils éteignent ma flamme
Je les exècre ces maudits.
Je devrais pourtant garder la force
Et de leur dire ça suffit !
Mais comme tous les autres
Je plie et je me haïs, tiens je me maudis.

J’ai honte de vous le dire
Même de vous l’avouer,
A côté de grandes personnes
Comme Soeur Emmanuelle ou le grand « Ché »
Je me sens dépouillé.
Que devrais je faire
Alors que maintenant j’ai l’opprobre
De ne pas me sentir propre.

Nous nous blessons tous tant,
Nous nous mentons tellement,
Que ce sentiment de honte
N’est même pas suffisant.
Nous nous volons tant les uns les autres
Que cette sale habitude

Ne soulève même plus notre hébètude.
Alors pour nous pardonner
Dans notre multitude,
D’un bon geste de pitié
Nous nous fendons dans un quelconque « thon »,
Qu’ils soit à la télé
Ou par un modeste don.

En regardant ma tête dans la glace
Je n’ose plus me faire face,
Tant je tourne le dos, de bonne grâce
A tant d’ignoble crasse.
J’ai honte de me sourire
En regardant mes rides.
Et si ce n’était que fatal,
Que la guerre,
Ca ne fait pas vraiment mal,
Que les plaies ne sont que d’argent
Et donc pas mortelles
Pas de fer ni de verre,
Et ne touchent pas les enfants,
Qu’elles ne tuent que les grands
Ceux qui veulent la bataille vraiment.

Alors pour me pardonner
Je cherche au fond de chacun
Au lieu d’un légitime sanglot,
La petite flamme d’un modeste falot
Qui me donnnerait l’espoir
Qu’il n’y a pas que des salauds.

Si je peux par ces quelques lignes
Me, et vous faire croire,
Qu’un ultime feu permet de rester digne
Pour en sortir quelques uns du noir
Et restituer un peu d’espoir,
Soufflez avec moi sur ces trop ultimes braises,
Ainsi comme moi vous vous sentirez,
Peut être un peu moins mal à l’aise
Et oserez encore espérer.