Poème:Dix Pour Cent

Si vous voulez faire un instantané
De notre société
Allez donc au supermarché,
Vous y trouverez tous les reflets.

Du plus riche au plus pauvre
Du foie gras à la guimauve
De Hector Malot sans famille
De l’éléphant à la gerbille

Du charriot plein à craquer
Jusqu’au plus modeste panier
De tout vous verrez
De tous vous vous gausserez.

Pour peu que vous ayez l’esprit méchant
Contre tout un chacun vous aurez une dent
C’en est bien le moment
En ces faites de jour de l’An.

Il n’y que deux absentes en ces lieux :
Elles riment ensemble solitude et sollicitude.
Même le père Noël des Petits Frères des Pauvres
Je ne l’ai pas vu : il fait lui aussi sa pause,

Relayé au un pour cent de tweet sur internet
Pour ceux d’entre nous les plus honnêtes
Qui souhaitent pieusement

Que pour tous ce soit une fête
Même s’ils savent pertinemment
Que ce ne sera pas le fait.

Associez le chariot à la tête des gens
Et vous aurez le portrait puissant
Si vous en prenez cent
De notre société de décadents.

Quatre vingt dix pour cent des richesses
De notre terre sont avalées, quelle tristesse,
Par dix pour cent
De ses habitants.

Malheureux constat pour moi assis sur mon banc
Celui des accusés
Qui fais plus envie que pitié
Et qui, comme vous, évite de penser aux absents…