Poème:Prendre Du Temps

Lundi, mardi, mercredi,
Les semaines, les mois les années.
Je tourne les pages de mon calendrier,
Et je me dis

Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai
Il y a cinq ans, dix ans.
Comme avant, je t’aime maintenant
Juste un peu différemment.

Mais tu as toujours le même domicile
Celui de mon cœur
Pour notre plus grand bonheur
Depuis des milliers d’heures.

Il m’arrive parfois en pensant à toi
De me souvenir des promesses
Que nous nous sommes faites autrefois
A cette époque il n’y avait pas de SMS

Mais ton regard valait tous les messages.
Il émettait tant de mots d’amour
Et, main dans la main,
Nous nous disions déjà des toujours.

Je me souviens de la première voiture
Notre première balade décapotée
Une vieille guimbarde un peu rouillée
Dans notre campagne pleine de verdure

J’avais les cheveux longs et nous riions
Tu sentais le patchouli
Nous étions sans argent
Mais, comme deux étourneaux pleins de folies,

Un samedi nous visitions Notre Dame
Celui d’après c’était Amsterdam
On s’en fichait de rien manger
Tant il s’agissait de nous éclater.

Nous travaillions comme des fous
Faisions des heures supplémentaires
A cette époque on pouvait
Et puis on les craquait comme des mousquetaires

Au service d’aucun roi
Puisque les seuls c’était nous
Mais ce qui me rassure un peu
C’est que nous sommes toujours fous

Tu serais encore prête
A faire cinquante kilomètres
Pour prendre simplement un apéro
En bord de mer, dans un petit bistro

Comme à en parcourir cinq mille
Pour aller toutes plumes au vent
Dormir on ne savait où
Le plus souvent chez un habitant.

Rien du tout n’était organisé
Comme lorsque nous nous sommes épousés
Au gré d’un vent salé
Et comme notre fils nous avons fait.

Il est arrivé d’une amusante manière
Comme une énorme surprise
Puisque tu as appris que tu étais mère
Le jour de ton anniversaire.

Ensuite il est né le jour de celui
De sa grand mère, fallait le faire.
Dommage qu’elle ne soit plus
Cela lui aurait certainement plu.

Je sais qu’après tout cela
Après avoir effeuillé
Tant de feuilles de tant de calendriers
Que nous avons toujours l’envie de nous aimer

Maintenant tes yeux me délivrent des vrais SMS
Tes mains toujours me caressent
Parce que nous avons pris le temps
De nous dire je t’aime
Avant de nous lancer des SOS.