Poème:Les Mains En Croix

Elle s’appelait Madeleine
Mais n’avait rien de Proust
Mais son immense culture
Me fichait le frousse

Sur tout elle savait
A la ville comme à la scène
Ses cheveux argentés
Encadraient un visage bronzé

Elle en avait fait des kilomètres
Mais n’avait jamais trouvé son maître
Elle était mon idole
Et moi j’étais la sienne

Nous nous promenions en bord de Seine
Et là nous devisions sur la vie qui était sienne
Remplie à en déborder
Elle était pleine de voyages

Elle me contait ses lointains rivages
Qui avaient creusé les rides de son visage
Chaque rivière chaque port
Était inscrit sur son passeport

Combien de marins combien de capitaines
Avait elle connu, je ne l’ai jamais su
C’est qu’elle était puritaine
Ma douce et tendre Madeleine

Sou à sou elle avait économisé
Toute sa vie durant pour m’acheter
Mon semblant de santé
Malgré la traîtresse maladie qui me rongeait

Mes jambes ne me portaient plus
Mais elle me transportait
Me faisait voyager
Jusqu’à ce que je n’en puisse plus

Elle s’est battue toute sa vie
Mais à cent ans et plus
Elle m’attend encore les mains en croix
Au premier rang je crois