Prose:Petite Liste

Des chambres
Ma chambre de petite fille.
Ma chambre d’ado.
La première chambre d’ami où j’ai dormis.
La chambre de ma meilleure amie.
La chambre d’un grand hôtel, celle d’un hôtel minable.
La chambre dans un château.
La chambre dans cette campagne perdue qu’est l’Ardèche.
La chambre de ma grand-mère.
Ma chambre de prépa
Ma chambre toulousaine.

Ma chambre de petite fille.
Un lit à barreau
Des nuages gris.

Ma chambre d’ado,
Les bruits, les cris,
Les pins par la fenêtre,
L’odeur des pizzas qui ne s’en va jamais,
La fenêtre toute petite par laquelle passe la lumière qui se reflète sur les pâles murs blancs.

Mon école primaire au milieu des pins et des sables.
Les écureuil qui danse par la fenêtre.

Mon collège plus gris, plus triste,
Mes premiers cours d’expression artistique et surtout de théâtre
Les flamboyants rideaux rouges,
Le son de mes ballerines résonnant sur la scène
Et les applaudissements.
Des cris, des larmes,
Des rires et des gens merveilleux qu’on oublie pas et qu’on oubliera jamais.

Mon lycée,
Perdu au milieu de tous ces bois,
Oppressant, isolé.

Ma chambre de prépa.
Le papier peint rose d’un autre siècle. Le tableau de l’exposition universelle de 1920 sur lequel est affichée une dame en robe rose à corset serré à la taille. La lumière étouffée sous le ciel gris qui ne se dissipait jamais et le son ininterrompu de la pluie.
L’air embaumait les effluves de rose. Lorsqu’on ouvrait les fenêtres on tombait sur un magnifique jardin. Sous ma fenêtre un rosier semblait toujours livrer bataille avec un hortensia.

Mon lit était très dur. De là on entendait mes deux colocataires rire et s’amuser pendant que je travaillais continuellement.
Ma frustration de ne pouvoir sortir, cette pluie qui n’en avait jamais finit.
Ma joie lors des quelques fêtes auxquelles j’ai assisté. L’odeur des cheveux abimés sous le fer à friser et celle si sombre du parfum Black XS que ma colocataire portait et que je lui avais volé.
L’odeur des coupelles de javelle que j’avais laissé pour chasser les araignées.
La peur d’en découvrir une, la terreur lorsque j’en découvrais une car elles se cachaient partout.

Le stress de cette première rentrée loin de mes parents et dans cette classe réputée si difficile.
L’énervement face aux restes que mes colocataires laissaient et qui empoisonnait l’air.
L’odeur si délicieuse de chocolat des paninis au Nutella que mon amie et moi achetions en fin de semaine.
Le gout lorsqu’on les avalait, ce gout de liberté.

Le son des sanglots étouffés lorsqu’elle me raconta ce qu’il lui était arrivé…
Et le son mélodieux de son rire lorsque je réussis enfin à la faire sourire