Poème:Le Cadeau

Mon âme était vraiment folle ce matin
Elle m’a quitté dés la première heure
Une grosse paire de ciseaux dans la main
Et en tête sûrement une gageure

Elle est partie, sur le quai de l’horizon,
Prendre le train du soleil sur son passage
Un charmant rêve dans son baluchon
En tête le plan d’un sacré voyage

Quand vint enfin le moment du fameux train
Elle resta comme sous l’effet d’un curare
Le soleil gravissait serein et lointain
Le ciel sans s’arrêter dans une gare

Revenue par la gouttière de mon corps
Lourde, aussi épaisse qu’une éponge
Une chatte noire tout crocs et griffes dehors
Endiablée, féline et si étrange

Elle plonge dépitée son regard rouge
Dans le mystérieux cristal de mes deux yeux
Sa peine dressée ainsi qu’un long vouge
Emonde placidement mes deux joues bleues

Mon noble cœur que la tristesse fouge
S’ouvre chagriné sur ses vastes battants
Elle regagne enfin calmée sa bauge
L’esprit adulant et plutôt agréant

Du fond du tiroir de sa meurtrissure
Elle prend encore sa paire de ciseaux
Dans la chair crue de mon cœur sa blessure
Elle te découpe un merveilleux chapeau

C’est à ce moment que je réalise
Que dans le seul but de te faire cadeau
Ce matin elle fut tellement éprise
D’aller dans le ciel te tailler un morceau