Prose:Il Sort De Sa Maison

Il sort de sa maison,
Joue sur la possession,
Riant, semblant dire « au revoir »,
Un appel pour d’autres croisées,
Dans son lit il demande
« Qui y a dormi hier ? »
Les portes de son cœur grincent
annonçant la découverte de l’autre,
L’autre est invisible,
Il ne le remet pas.

Dans son manteau, il reste une feuille morte,
Il se souvient du chêne de ce jardin,
Beaucoup de parfums y sont nés,
Beaucoup de douches les ont effacés,
Il fait jour quand il rêve
Il parle la nuit,
Des causeries vites oubliées
Fines comme une paupière
Grandes comme un baiser.

Il est venu chez lui,
mille merveilles à lui offrir
Comme un montreur de curiosités,
Mais quand il reste trop longtemps,
Il devient insolent et sans-gêne,
Rappelle une mère éplorée, un enfant triste,
Les berges de son silence retiennent le lac de ma parole.

« Moi » et « lui » nous jouons beaucoup,
Lui aux dés et moi aux cartes
Les osselets contre les réussites,
Les parties sont interminables
Les pièces tombent sur l’échiquier,
Une reine noire, un roi blanc
Il est le sarcasme de ma vie,
Soulève sa cape sur mes épaules
et m’entraîne dans ses aventures.

Voilà qu’il se met en colère
Abandonne ses plumes contre des griefs,
Regarde son bras où couve la haine,
Descend l’escalier des yeux pour saigner
Silencieux, traître à la beauté
Le cœur abattu, l’âme muette ;
Des oiseaux passent l’aile brisée,
Une peinture craquelée a tué son ardeur.

Fou et téméraire, enragé et éploré
Déçu, trompé, trahi…
Même si elle est folle, elle sera pardonnée
Mais comment ne pas se montrer violent ?
Quand on apprend par un autre
Ce qu’une bouche n’a pas dit,
Ce qu’une bouche a promis,
On meurt d’envie de la jeter chez l’arracheur de dents.