Prose:Introduction À La Question

Brodequins, trône de Judas, poire d’angoisse, vierge de fer, gouge à énucléer…
Les instruments du cauchemar représentent l’épuisement
Ils creusent dans la chair, avides de trouver ce qu’ils cherchent.

Le corps en lambeaux supplie l’âme de le sauver.
On te passe sur le feu, on met ta volonté à l’épreuve.
Alors la réponse ?
L’âme d’enfant ne veut pas céder cependant que le corps saigne
L’âme d’enfant aime les questions sans réponses
Machine du rêve
Mais on te broie les genoux Brodequins
La douleur est insupportable
Les lèvres se crispent
La volonté est d’autant plus à l’épreuve qu’elle n’a aucun objet pour fin.
Les instruments aux noms poétiques te brisent.

On attend de toi que ta parole !
Mesure donc le poids de tes mots !
Tu n’as qu’à dire cette simple phrase :
C’est MOI

Les questions d’après ne seront que des souvenirs
De la première fois ou l’on te brisa pour faire émerger l’aveu :
La réponse, c’est toujours la mort ou au moins la mort de quelqu’un.

Mon œuvre,
C’est de réduire à néant
Les instruments du cauchemar et de dissocier
la question de La Question ; fille de la torture.

Je sais que je devrais étudier comme les autres étudiants
Et enrober mon angoisse de toutes ces réponses-filles-de-joie.
Et m’oublier en couchant avec elles
Et me vanter d’avoir trouvé.
Séducteur des réponses sans question.

Je pourrais me vanter à la fac et dire comme le chevalier de la Barre :
« Je sais ce qui m’attend, je vous étonnerais par ma patience ».

Je pourrais marcher dans les rues et inspirer le respect avec mon visage
Portant encore les stigmates des instruments du cauchemar.

Mais, si je commence à trouver belles mes cicatrices,
Je n’avouerais jamais, et le tourment ne cessera pas.