Poème:Aliénation

Ils disent que je me trompe, et qu’elles n’existent pas,
Qu’elles ne sont que l’obscur reflet de ma raison qui s’ébat
Que tout est dans ma tête, les ombres comme les voix.

Ils disent que j’ai tort, que rien n’est réel ici-bas.
Que mon esprit fabule, et que j’invente tout cela
Que je me perds et divague et que je ne le sais pas
.
Ils ne prononcent aucun de ces mots,
Je les entend entre deux silences
Et sur leurs visages sans défaut,
Je peux lire leurs manigances.

Leur ineffable sourire,
Porté haut comme en bannière
Semble vouloir m’interdire,
De penser que je suis prisonnière.

Oh… je n’ai aucune chaîne,
Mais malgré tout je reste entravée
Comme mise en quarantaine,
Triste et misérable de toute liberté.

Ils abhorrent celle que je suis,
Mais l’avouer ne leur est pas permis,
C’est contraire à leur inestimable déontologie.

Ils m’observent avec réflexion et courtoisie
Cherchant les signes flagrants de mon aliénation
Sans même travestir leurs infâmes suspicions.

Ils ne savent pas quel est mon nom
Je ne suis pour eux qu’un sujet d observation,
Dans leur regard plein d’affliction
Je discerne sans peine ma condamnation.

Schizophrène, telle est tombée ma sentence
Mon apophtegme, sans aucune conférence
Internée, enfermée, quelle différence
Voilà de mon être l’obsolescence.