Poème:Une Vie Perdue. .

Il y a longtemps, quelqu’un m’a dit que la vie était facile, et que quand on avait un problème, toujours un éclair de génie nous apporte la solution sur un plateau. J’y ai cru longtemps. Jusqu’à ce petit matin fait sur mesure pour le cafard, un matin où on a l’impression de porter toute la misère du monde sur ses épaules…
Ce matin-là, après m’être étiré longuement dans mon lit, je me suis dirigé vers la salle de bain et j’ai levé les yeux vers le miroir, et là, j’ai aperçu un vieil homme de quatre-vingt ans, un vieil homme veuf dont tout les amis étaient morts. Ou disparus. Je pourrais les retrouver si je voulais, mais j’ai laissé trop d’amitiés se briser, je les ai senties me glisser des mains, mais j’étais trop égoïste pour les rattraper.

Je n’ai jamais pris le temps de m’arrêter pour prendre soin de mes proches… Et peu à peu, je me suis rendu compte que la vie n’était pas éternelle, et que tous mes proches sont partis. Un à un. Sans laisser de trace.
Je n’ai jamais pris le temps de m’occuper de mes petits enfants, de jouer avec eux ou de les balader dans un parc en les tenant par la main. Maintenant, les rôles sont inversés, ils ne veulent plus s’occuper de moi, ils veulent juste m’oublier.

Hier matin encore, avant d’aller consulter ce médecin, j’avais dans les oreilles un walkman me susurrant des mélodies sirupeuses avec des paroles à l’eau de rose. Et je vais mourir. Il me l’a avoué hier. J’entends encore ses mots raisonnés dans ma tête : ’’ C’est un cancer… 6mois à vivre… désolé’’.
6 mois ? Pour rattraper tout le temps perdu ? Trop court, beaucoup trop court.

Alors maintenant je me pose la question : pourquoi n’ai-je pas pris le temps de vivre, tout simplement ?
Et là, j’ai ouvert la fenêtre pour contempler le vide.
J’ai sauté.

Gee. .