Poème:Envol

Je le regardais, stupéfait, sans mot dire
Délaissant ainsi mes sombres oripeaux
Ce corps, cette âme, que je ne cesse de maudire
Ce spleen putassier qui me colle à la peau.

Me complaisant alors dans quelque joie mercantile
Quelque plaisir charnel, quelque vin je suppute
Que loin de ces folies et ces bonheurs infantiles
Je vis dans une torpeur qu’à moi même j’impute.

Je ne fait qu’imiter la langueur du ciel
Qui, chargé d’une tristesse de longueur séculaire
Laisse langoureusement s’échapper ce doux fiel
Alourdissant d’un coup d’un seul la légèreté de l’air.

L’air de rien je m’évade de cette prison charnelle
Qui tantôt surprenais ma vue inexperte.
Je m’envole dans un vent de musc et de cannelle
Et quitte sans un mot ce qui causera ma perte.