Poème:Post Morten (2)

Des enfants jouent, des ados font les imbéciles, des chiens font leurs besoins
Quand la terre avec les os n’est pas enlevée par les bulldozers, jetée au loin
Où aller aujourd’hui pour se faire enterrer dans le respect, la dignité dû aux morts ?
Ce n’est pas parce que le corps n’existe plus qu’il faut lui réserver un triste sort
Ceux qui sont sans famille pour payer la concession seront extirpés du cimetière
Les quelques ossements retrouvés sont mélangés à la terre du fond ou déposés à l’ossuaire
Philippe Charlier médecin légiste et anthropologue milite pour que des morts aient des droits
Restant des êtres humains même à l’état de cadavre, d’ossements, ayant existé, hier, autrefois.
Dans la Bible les ossements ont une identité, continuité pour l’éternité
N’est-il pas dit qu’au jour du jugement dernier, par Dieu, tous ressuscités !
Prophétise sur ces os et dis-leur : os desséchés écoutez la Parole de Yahvé. Ainsi parle le Seigneur à ces ossements. (La mort sera vaincu Yahvé en fait serment, Yahvé dit vrai)
Voici que je vais faire entrer en vous l’esprit, et vous vivrez. Je mettrai sur vous des nerfs, je ferai pousser sur vous de la chair, je tendrai sur vous de la peau, et je vous donnerai un esprit et vous vivrez.
N’oublions pas que nous aussi un jour serons comme tous ces morts
Des ossements sous terre dans une tombe abandonnée, notre sort…
Un autre maire, d’autres conseillers mettront fin aux concessions
Ordonnant la reprise au nom de l’utilité publique sans compassion !
Les anciens de la commune sont enterrés dans le cimetière, ils espéraient reposer en paix
Les familles venaient prier, fleurir, entretenir les tombes témoignant d’un grand respect
Aujourd’hui dans ce monde matérialiste sans foi ni loi, les morts ne comptent plus
Les sentiments profonds et durables se font rares, le passé est mort n’en parlons plus !
Ces qu’on veut virer, les générations de jadis, enfants du pays, attachés à leur village, clocher, église
Ils sont oubliés de tout le monde, de trop dans le cimetière, place aux autres, la perpétuité n’est pas acquise.
Certes il faut reconnaître que les tombes abandonnées, monument brisés, noms effacés posent problème !
Des personnes connus sont enterrées là, nous pourrions y penser ! Même sans famille qui encore aime.
Le temps destructeur, ravageur a passé sur eux comme il passera sur nous
N’oublions jamais ceux qui nous ont précédés qui reposent dans le trou.
Nos élus qui décident froidement de la reprise des concessions feront partie un jour du lot !
L’ossuaire ou le jardin dit du souvenir c’est le sort commun, le recyclage vu par les écolos !
Les restes humains retirés des tombes abandonnées finiront entassés pêle-mêle les uns sur les autres
Sans distinction, les crânes se ressemblent tous, jeunes et vieux, hommes et femmes, le nôtre, le vôtre
Quand les tombes sont profanées dans un cimetière tout le monde est offusqué
Mais si c’est une mairie qui enlève les tombes ça semble normal sans choquer !
Les morts quand ils ne sont pas incinérés reposent en paix pour un certain temps !
Sortis de leur tombeau quand ils ne sont plus rien, après trente ou cinquante ans
La vie est cruelle comme les gens, la plupart sans respect
Pour une question de place et d’argent car hélas tout se paie !
Couples et familles unis jusque dans la mort se trouveront définitivement séparés
Quand l’abandon des tombes est constaté au terme de la concession, de la durée
Leurs pauvres restes finissant dans un tas d’ossement à l’ossuaire
Crânes et fémur indifférenciés, mélangés avec les élus et maires
Dans la vie chacun, chacune se distingue en bien ou en mal
Dans l’ossuaire les ossements entremêlés sans pierre tombale
Ceux des enfants, adultes, vieillards, hommes et femmes, amis et ennemis
Il ne sont plus des êtres humains, que des os blanchis indifférenciés, désunis
Les restes des grands hommes sont emmenés en grande pompe au Panthéon
La France rend hommage à des ossements par des discours, coups de canons
Dans les catacombes à Paris, les ossements entassés de millions de parisiens
Les cimetières désaffectés, bourreaux et victimes, la mort coupe tous les liens
Dans les cimetières nous marchons sur la poussière des morts
Un être humain n’est pas que des os, avec de la chair, un corps
Elus et administrés, nous nous rejoindrons tous dans l’ossuaire
Bons et méchants, riches et pauvres sans cérémonie ni suaire.
Le jardin du souvenir : une invention du diable
La mort désacralisée, plus rien n’est immuable
Les morts doivent disparaître presque aussitôt corps et âme
Sans laisser de traces, souvenirs emportés dans les flammes.
Le passé est mort et enterré, soldé, n’en parlons plus !
C’est la mentalité actuelle, l’amour n’est pas superflu
Alors que le temps sur le plan quantique est une création de l’esprit, relatif
Hier, aujourd’hui, demain, un éternel présent qui se conjugue à l’infinitif.