Texte:Le Cœur Léger

Je le placerais à gauche pour la main droite sur le cœur
la biologie n’a jamais été mon fort
le cubitus est-t-il un os du bas du corps ?
J’ai toujours appris par cœur seulement beaucoup de sujets sont retenus grâce à la logique et au raisonnement
sans doute, on ne peut raisonner quand on est atteint d’une névrose
on est assez seul quand la seule manière d’apprendre, c’est d’apprendre dans son coin
l’incapacité d’être avec les autres
tellement étrange qu’il faut faire croire que j’ai en moi, les évidences
le b. a. -ba pour sortir de soi, prendre confiance
il est impossible d’être plus clair
le bleu est ma couleur, passe partout et froid, plus masculin chez les autres
Il y a tellement de bleu à citer : Klein, Le jardin Majorelle, lapis-lazuli, le sang, la peur, la jeune recrue, le mal-être en anglais…
le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas… Pascal
la philo est une matière sans fond
j’en ai jamais fait, je m’y serais perdu
je me retiens à du concret, le figuré, c’est pour l’écrit quand je ne sais pas comment exprimer ma pensée
je sais que je me perds dans mes explications
je prépare mes phrases chez le buraliste, le pharmacien, le boulanger
seul l’humour m’échappe)
il est ma survie
dans mes bagages, il y a de la culture compensatoire et de l’humour salvateur
à chaque réveil, je me demande si je vais être à la hauteur
il y a toujours de l’appréhension
peur que tout s’écroule
je ne peux plus me raccrocher à mon enfance
je ne peux pas m’asseoir sur d’énormes acquis
je n’ai pas de garde rapprochée ni d’armée pour me défendre
il faut trouver un stratagème, une posture, une écoute compatissante, masquer ses bizarreries, trouver un moyen pour fuir
le cœur est un as parfois alors comment faire deux ?
le cœur est un jeu, est en jeu, il fait battre une histoire 1 + 1
l’histoire est une succession d’échecs et victoires personnels
ces dernières ne sont pas toujours en équilibre
La Terre est bleue comme une orange… Paul Eluard
c’est sans doute ce que je préfère pour l’instant
Le surréalisme est ma langue première
Tout inventer, créer, bricoler, oser se prendre pour un chanteur, un pianiste
User de néologisme
être vulgaire quand on ne l’est pas
ouvrir une porte, être quelqu’un d’autre
descendre les escaliers, être un étranger
croiser quelqu’un, être celui de la dernière fois
être en présence de la hiérarchie, être la timidité maladive
reprendre sa voiture, soupir de soulagement
arrivé au parking, sourire qui dissimule une réalité tout autre
se trouver enfin chez soi, se laisser glisser et ne pas se regarder devant la glace
cette imposture pour masquer les bas trop bas, la fatigue de s’accrocher aux mots des autres et tenter d’en trouver un sens
quand les bas s’élèvent, il faut modérer l’ardeur sauf en zone de confiance
j’ai un public pour cela
certains ne connaissent que cette facette
les très proches les connaissent toutes mais attention à la bombe nucléaire
je peux faire des ravages à retardement
je n’ai jamais été préparé au grand 8
je l’ai subi comme on subit une naissance
on ne devrait jamais naître d’une fornication
il y a erreur fatale mais si certains s’en accommodent
il ne faut jamais remercier ses géniteurs
un acte d’amour n’est avant tout que sexuel
l’enfant qui est blotti dans le ventre de la mère ne cherche pas à sortir
on l’oblige
c’est l’acte le plus vil
on porte et on lâche
vous êtes plus ou moins entouré et à vous de jouer !
nous n’aurons pas tous les mêmes cartes
dans nos têtes, on se jalousera, on combattra, viendra la révolte en nous et envers les autres
nous sommes parfois des combattants de l’impossible stabilité
des héros mis de côté
on vénérera la beauté, l’intelligence et la santé
l’humour sera usé par les brinquebalants, les amuseurs d’un soir
le cœur devient plus lourd comme les paupières parfois
le cœur lâche parfois et après
c’est un éternel recommencement ?
Je me rends dans les églises vidées de leurs croyants et je photographie des statues, des détails intéressants
j’essaie de finir le roman Soif de Nothomb
j’aime cette romancière belge si décalée
les églises romanes ont ma préférence
la religion est meilleure quand elle est sobre avec de la musique de Bach
un ami s’est converti au judaïsme
c’est intéressant le changement, le grand écart, changer d’univers
c’est beau la fête des lumières juives… Hanouccah
j’ai cru aux valeurs du bouddhisme mais il y a trop de renoncement
les prêtres de l’église chrétienne sont poussés au célibat qu’ils savent impossibles (sans s)
on aimerait y croire mais comment le croire quand le visage du ministre du culte est doux et lumineux en étouffant tout désir
le péché le rattrapera, le cœur s’en mêlera
aurais-je l’honnêteté un jour d’être enfin moi ?