Texte:Naissance D’un Viol

Tu me la presque avoué sans crier gare
Comme une parole sans conséquence
Avec ton demi-sourire
’C’était une autre époque’
Je n’ai pas relevé
J’ai porté la fourchette à ma bouche
Je ne me souviens pas du mets
Était il important de s’en souvenir

On ne peut jamais te contredire
Tu es de mauvaise foi
Veux toujours avoir raison
Ta pensée est confuse comme la mienne
Tu mélanges les prénoms
Tu m’appelles parfois Cathy (ta sœur cadette que tu as élevé comme ta propre fille après le décès de ma grand-mère) au lieu de Christophe
Un bon début… la première lettre…
Tu refuses toutes invitations
Seuls ton jardin compte et ton fils ou… ta fille
Caroline…
Qui est Caroline
Une fille qui n’a jamais vu le jour
Sauf sur le Rocher de Monaco
C’est la fille que tu aurais rêvée d’avoir mais finalement tu fus contente de me découvrir en sachant d’autant plus que tu n’aurais à supporter ni bru ni petits-enfants grâce à mon homosexualité
Tu n’as aucune patience, aucune tolérance, réactionnaire jusqu’au bouts de tes ongles vernis

Je t’achète souvent Point de vue
On rêve princesses, remarque élégance, sourires et distinction

C’était à table
Un simple déjeuner après une matinée travaillée
Tu me reproches d’être désagréable aujourd’hui, de me montrer dans un mauvais jour, un sourire qui ne vient pas, une crispation
Tu es tellement changeant, dit-elle…
Je suis le dieu Janus, je regarde à deux points opposés.
A l’Est, le soleil se lève
A l’Ouest, il meurt
Je suis dans une perpétuelle intranquillité

Entre Elle et moi,
C’est Les Hauts de Hurlevent
Passion et Haine

Qui suis-je ?
Un espion des légendes ? Un imposteur quand je fais comme si…
Une pile de lithium, un manège infernal dans une foire de freaks ?

A table, les mots, je les cherche
Elle les cherche aussi, longtemps, désespérément, cela devient lassant
Pourtant, elle les croise tous les jours dans son journal
Je les apprends par cœur avec ses ses synonymes
Avec Elle, je sais très bien que je ne suis qu’un enfant, un enfant manipulable
Son jouet cassé

Pourtant, combien de fois ai-je pensé à toi, toi si forte et si maltraitante à la fois
Tu m’as oublié quand j’étais enfermé là-bas où les gens ne sortent pas la nuit et le jour, il faut une permission pour sortir dans le parc
Ils nous injectent, donnent des médicaments, on est à la file indienne, certains déjà en pyjama
La TV est allumée jusqu’à 22 heures puis c’est le couvre-feu jusqu’à 7 heures du matin
Je redoute le moment du levé, je ne veux pas me laver dans les douches collectives, le lavabo me suffit largement, quelle cacophonie comme dans une colonie de vacances sans vraie joie
La journée se passe, il y a les incontournable jeux de société sans intérêt, les mandalas sensés nous recentrer, nous les dispersés
Il y a le goûter : 1 pâte de fruit ou 1 barre de chocolat premier prix avec tranche de pain de la veille, on dirait du Zola

A table, on n’entend pas une mouche volée
Dès que j’arrive dans ta maison, je cherche le chat, ma première pensée va pour lui ou pour elle, qu’importe le genre, tu les mélanges et je perpétue la règle du masculin qui l’emporte sur le féminin
Charlotte, c’est le chat, un point c’est tout

Toi, tu parles pour deux
Quand tu me trouves plus volubile, tu le vois comme un mauvais signe
Combien de temps vais-je tenir avant la chute
Quand le wagon sortira des rails du grand huit ?
Patatras, on pensera alors
Non, on ne m’enfermera pas d’office
C’est moi qui prenais cette initiative prenant le chemin vers l’impossible guérison

A table, nous buvons du champagne le 25 décembre midi
C’est un peu plus gai que d’habitude
Maman se fait belle
Je m’habille sur mon 31 pour Elle
Même je me parfume légèrement

J’ai porté du Hugo Boss pour faire chic
Lors de la Seconde guerre mondiale le tailleur allemand habillait les SS
Alors qu’est-ce qu’un viol après tout cela

Un matin très tôt en allant à mon premier petit boulot de vacances, j’ai vu deux chiens copuler… j’ai trouvé ça dérangeant, mal venu moi qui ne voulait travailler que pour m’acheter des disques
J’ai longtemps photographié cet instant, l’ai juxtaposé à deux être humains

A table, elle m’apprend les nouvelles du jour
Elle fustige les nouvelles technologies
Elle vit nostalgie de ses vingt premières et meilleures années (quand je n’étais pas né)
J’écoute, je ne relève pas

Je me sens le bâtard d’une française et d’un soldat allemand
On ne remue pas la merde dans la bourgeoisie
On la mélange seulement à la terre
Mieux vaut respecter le sol, le territoire

A table ce jour-là,
Je ne sais pas pourquoi
C’est moi qui parle
C’est moi qui lui pose une question

Elle me fait peur parfois
C’est comme dans la nouvelle Le Horla de Maupassant
Elle m’a dit sans le dire vraiment mais j’avais compris depuis le début
Comment peut-on procréer en plein divorce…
Henri, c’est son prénom
Il y en a des millions d’Henri

C’est pas l’été, les voiliers et la mer,
La sécurité parentale, le canard dans le bain
Mais la violence d’une nuit et ses conséquences.