Poème:De L’étoffe D’un Roi

Le roi Arthur ouvrit les yeux. La forêt,
Emplie d’odeurs suaves et de charmes secrets,
Où bruissait l’or clair des rayons affadis
D’entre les branches écorcées, cornues, lui dit :
" -Je ne veux tes pas, par ma voix féerique
Guider, ni tes questions ou humbles suppliques
Satisfaire. Tu es roi, et maître sur la Terre.
Ne me détruis, ni ne m’ignore, si pour ce faire
Tu tiens à savoir si c’est le Destin tragique
Qui te tiens, car à rien ne sert que tu t’appliques
A défendre le Bien. Ou bien si tu es libre,
De cette Liberté qu’encense les livres,
A quoi te sert-elle, si la vie est sans sens ?
Avant de conquérir, roi, cherche l’essence.
Qu’est-ce que la vie, l’âme, l’esprit, Dieu, le monde ?
Existent-ils ? cette méditation profonde
Qu’en mon sein d’herbes, seul, et hors de l’espace-temps,
Coulant sur ton front nu, t’en lavera plus grand.
L’huile sainte gouttant sur ton torse respirant
Pénètre en la peau, en la pensée, puissamment.
Ce n’est la Nature, ni le peuple, qui te fais roi,
Mon roi, ni le rite ancestrale : c’est la foi.
Même Dieu, s’il existe, ne t’a assujetti.
Tu es un idéal pour les êtres petits,
Non inférieurs, mais à la pensée étroite.
Sur ta paume, ton cœur, ton front noble s’écoule
L’huile de l’étonnement. Les perles roulent,
Soyeuses, polissant doucement l’inconscient.
Pour la Vérité, ton cœur flambe, écarlate.