Prose:In Memoriam

A toi qui es morte dans mes bras,
A toi que je ne regretterai pas,
A toi que je ne reverrai pas…
A toi que j’oublierai très vite, parce que tu m’as trop hantée, parce que tu as voulu me posséder. .
A toi l’Âme damnée que j’ai été, que j’ai aiguisée,
que j’ai nourrie, que j’ai renforcée…
A toi mon moi, mon plus profond démon, ma plus ancienne ennemie…
Je dis adieu…

Aujourd’hui je signe ici ces aveux…
Volonté de tourner une page, volonté d’assumer mes gages…
Je ne serai pas celle que j’étais destinée à devenir, celle que tout le monde s’attendait à voir venir…

Fini la culpabilité,
Fini la vulnérabilité,
Finie l’Âme Damnée…

Je vous laisserai venir à moi, après avertissement…
Je vous laisserai vous brûler sciemment…
Je vous laisserai donner, j’accepterai de prendre…
Mais ne vous plaignez pas si je ne veux pas rendre…
J’ai déjà donné, trop donné,
A mauvais escient, sans que ce soit conscient,
Je voulais le bonheur d’autrui,
Je me suis démolie…
J’ai recherché les causes d’un tel comportement,
Le pourquoi de ma recherche d’amour constant,
Celui qui me portait vers ceux qui ne pouvaient rendre
Et qui me perdait sans pouvoir rien prendre…

En mémoire de celle qui fut,
Et qui ne sera plus…
J’ai bien travaillé, j’ai fait mes devoirs,
J’ai trouvé des réponses que je voulais avoir…
Il suffisait de regarder les choses en face,
De se retourner et de savoir faire face…
Ce soir je sais,
Ce soir je fais,
Mes adieux à celle qui fut…
A celle qui ne sera plus,
Tant que j’en aurais conscience,
Je reprendrai confiance,
Dans cette vie qui jamais ne fut mienne,
Dans cette vie qui maintenant sera pleine.
Pleine de moi, pleine de ceux qui voudront la traverser,
Mais envers qui je ne serai plus celle qui veut se faire pardonner.
Le temps de la culpabilité est passé.
Je ne m’en veux plus,
Je ne me meurs plus. .
Je suis…

Vous m’avez rejetée, parce que j’avais trop à donner, parce que j’étais trop entière…
Vous ne m’avez pas comprise, vous n’avez pas voulu de ce que j’avais en trop pour moi…
Je vivrai donc avec tout cela, le donnant au compte goutte s’il le faut, à ceux qui en auront besoin, en toute amitié, ce ne sera que soutien. .
Mais plus jamais je ne m’excuserai d’exister, plus jamais je ne ramperai pour obtenir votre attention, vos sentiments… ce que vous appelez de l’amour mais qui n’est qu’un placebo…

Le chat d’en va tout seul, vers d’autres horizons, dans sa nouvelle peau, sans condition.
Le chat s’en va, des rêves plein la tête, prêt à toutes les folies.
Mais les folies qu’il aura choisies, et plus jamais ne prendra pitié, plus jamais ne s’oubliera pour vous supporter, vous soutenir à son détriment.
Fini le temps de l’Âme Damnée qui se donnait corps et âme pour vous sauver,
Fini le temps du don de soi pour vous faire réagir sur ce que vous valiez, ce que vous vouliez…
Trop longtemps le chat s’est oublié…
Aujourd’hui il est temps…
Aujourd’hui il est temps de retrouver la mémoire et de vivre avec moi… de prendre pour moi ce que je voulais donner… de profiter de ma vie sans avoir à vous supporter…

Je sais en plus que vous n’aviez pas conscience de cela, de ce que cela représentait pour moi…
J’ai toujours eu une conduite ambigüe, celle de celle qui n’attend rien, qui ne demande rien, qui ne désire rien…
J’attendais que vous vous rendiez compte seul de ce que je voulais, que vous réalisiez ce que j’avais au fond du cœur…
Toujours déçue, j’ai pensée que cela venait de moi, que je demandais trop… Mais je sais maintenant que non… que ce n’était pas à moi de plier sous vos manières, que ce n’était pas à moi d’accepter et me taire…

Par trois fois j’ai commis la même erreur…
Par trois fois, je me suis laissée enfermer dans mes terreurs…
Tout cela parce que je ne voulais pas voir
Tout cela parce que je refusais de me croire
Mais j’ai ouvert les yeux…
Aujourd’hui je VEUX.
Aujourd’hui je PEUX.
J’ai retrouvé la mémoire.
La mémoire de moi même.
J’ai entamé ce cheminement qui m’entrainera au centre…
Je n’ai pas fini… je le reconnais…
Mais je franchis aujourd’hui une étape.
Celle de la conscience de moi…

Adieu à celle qui se nichait au fond de moi et qui se nourrissait de moi.
Adieu à cette Âme Damnée qui n’était pas moi.
Toujours aussi sombre au fond, je ne me départirai pas de ma mélancolie, je l’aime toujours.
Mais une étincelle est née, une conscience suppérieure de ce qui m’entourait, de ce qui m’intériorisait.
J’ai maintenant une lumière au fond des yeux, lointaine encore, mais qui me fait aller de l’avant, loin devant.
La tête haute et le pelage troué, le chat s’en va, pour ne plus revenir, pour ne plus se trahir… pour ne plus se ternir… et pour ne pas finir…
J’irai au loin panser mes plaies, j’irai loin s’il le faut, tout abandonner, même le plus important, pour ne pas perdre ce qui me reste de vital…
Je n’ai jamais été aussi pleine de moi…
Je n’ai jamais voulu vivre autant qu’aujourd’hui… envie de voir le jour se lever pour connaître ce moi que je viens de retrouver.
Si demain je disparaissais, dites vous que le chat est parti pour suivre sa voie… et que rien ne l’en dissuadera…