Poème:Ta Route

Tu marches, l’esprit vidé, sur une longue route
Où les souvenirs flétris de ton passé s’encroûtent.
T’es pas en première classe, t’es plutôt dans la soute
Et le feu qui te porte, c’est la haine qui le boute.

T’avances plus ou moins vite, tout dépend de la pente.
La mort n’est qu’une broutille, ta vie y court, trop lente.
Tu restes avec le doigt posé sur la détente.
Faire durer le plaisir, avoue que ça te tente.

T’as cherché tes réponses, obstiné, tu t’entêtes
A savoir le chaos, le nombre de la bête,
A comprendre pourquoi tu n’aimes pas leurs fêtes,
Ni les marches abruptes qui mènent vers le faîte.

T’as pas de calumet, t’as juste une vieille pipe
Que tu bourres de fines herbes pour mieux guider ton trip.
Sur toi, tu te contentes de quelques tristes nippes.
Tu ne cherches guère à plaire, t’es un drôle de type.

Tu ne vas plus tarder à ouvrir tes cadeaux,
A t’installer à table pour bouffer ton gâteau.
Tu te fiches pas mal de te prendre un râteau
Puisque tu sais que tout finit au fond des eaux.

Tu connais le montant de la note à payer,
Les tâches, la pourriture qu’il faudra essuyer
Pour pouvoir d’un seul trait tes souvenirs rayer
Et cesser du destin n’être qu’un écuyer.

Tu hésites parfois au croisement de deux rues,
Puis tu choisis toujours la voie qui monte aux nues,
Là où tu trouveras celle que tu t’estimes due :
La vérité sans fard, sans artifice, nue.

Tu cherches à avancer sans vouloir déranger,
Sans passion à nourrir, ni rien à te venger.
Tu veux gratter à vif ton cerveau démangé
Pour découvrir, enfin, en toi, cet étranger.

Tu laisses le vent souffler dans toute ta voilure
Et te pousser parfois jusqu’à râper les murs.
Sous tes haillons pourtant, tu gardes fière allure,
Souple comme une liane, rigide comme une armure.

Tu n’espères même plus que viendra une fée
Pour se pencher sur toi quand se meurt la journée.
Tu n’écouteras pas son discours bouche bée,
Même si rien que pour toi une étoile s’est levée.

Tu vois, là, tout au bout, qu’arrivera le crash,
Que le moment viendra où tout se jouera cash.
Tes choix furent bizarres, mais ne furent jamais lâches.
Tu n’vois plus de raison pour éviter le clash.