Poème:L’autre

Depuis des années je suis effrayé par les miroirs,
Une sourde angoisse m’étreint devant mon reflet :
L’autre moi-même qui se moque goguenard
De moi, pauvre victime de ses camouflets.

Tout a commencé quand j’avais dix ans
Regardant émerveillé les vitrines de Noel
Accompagné par mes très chers parents,
Tout a commencé par cette vision irréelle.

Mon propre reflet me regardait avec dégout,
M’observant comme un démon sombre et funeste,
Me regardant de face quelques soient mes gestes
Que je me mettais de profil, assis ou debout.

A partir de ce jour, dans les reflets des vitrines
Je le sens à mes talons, son hostilité m’effraie.
Devant les psychés, stoîque devant ses pantomimes
Je suis aussi immobile qu’un chien d’arrêt.

Dans les chambres d’hôtels avec mes maitresses,
Au miroir suspendu au plafond
Alors que je les embrasse avec délectation
L’autre me regarde sans imiter mes caresses.

Alors que je me nourris de leurs seins, de leurs hanches
Au dessus du Paradis, je le vois qui s’ennuie.
L’autre prés de mes maitresses endormies
Se moque de moi attendant sa revanche.