Poème:La Chanson Du Condamné

Demain matin, au gibet le bourreau m’attendra.
Adieu mes jeunes années, mes aventures,
Pardonne-moi ma mère pour cet embarras,
Pour tes chaudes larmes sur ta pauvre figure.

Adieu mon père, ton gibier de potence
A retenu tes leçons, demain à l’aurore
Le licol au cou je ferai ma dernière danse,
Pardonne-moi avant de regarder la Mort.

Adieu mes chéries, vos baisers me manqueront,
Je vous ai tant aimé, tant trompé aussi.
Les insultes jetées par quelques laiderons
N’effaceront pas nos belles et chaudes nuits.

Salut aux bourgeois, à leurs bourses dodues,
Mes mains lestes les ont tant de fois délestées
De leurs vestes en brocart, regardez moi pendu
Et réjouissez vous des fêtes qu’elles m’ont payées.

Demain, je rejoindrai Cartouche, Mandrin
Au Paradis des mauvais garçons.
Que François Villon, roi des malandrins
M’écrive une de ses belles chansons.

Pour la dernière fois, je vois la Lune,
Je m’émerveille des étoiles, du vent du soir.
Sachez que mon cœur n’a pas de rancune
Je garderai mon sourire jusqu’au morne perchoir.