Poème:Quand Juliette Se Réveilla…

Ses os étaient gelés par le marbre froid,
Un vent frais se faufilait dans le tombeau
Ondulant sous sa robe pour effleurer sa peau,
Le poison du prêtre avait fini son emploi.

Elle ouvrit comme un oiseau fragile ses paupières,
Une vive lumière perçait les murs du caveau,
La lourde porte de fer était restée ouverte au jour nouveau
Doucement elle se leva de son triste sanctuaire.

Ses pieds nus sur le sol humide et froid étaient sensibles,
Ses doigts de pieds minuscules et charmants se tordaient,
Une étrange douleur remontait vers ses jambes nubiles
Elle avait trop dormi sur la pierre froide et endeuillée.

Alors qu’un soleil ardent dépassait les pins parasols
Elle aperçut sur le sol son Roméo couché et endormi.
Oh mon doux ami, se dit elle, je vais te sortir de la nuit,
Des songes, de la cruauté de la vie, je serai ta luciole.

Oh prêtre, je te bénis d’avoir sauvé notre amour,
Je vais t’embrasser Roméo pour le plus doux des réveils,
Je suis cette petite lumière qui te guidera vers l’éveil
Loin de nos familles ennemies plus beaux seront les jours.

Mais à peine se penche -t-elle vers le visage de Roméo
Que sur les dalles elle aperçoit l’ensanglanté couteau.
Sur le flanc de son amoureux un sang carmin s’écoule
Pour la pauvre Juliette tous ses rêves s’écroulent.

Oh maudit prêtre qui n’a pas averti son amant du stratagème,
Le voilà à coté d’elle étendu, son galant visage est si blême,
Pauvre Juliette qui crie, elle a perdu à jamais sa bohème,
Son rêve d’amour, la vie est elle si cruelle pour les enfants qui s’aiment.

Sa main se saisit de la lame cruelle, elle se poignarde sans crier,
Dans un silence étrange où même les oiseaux arrêtent de chanter.
Prés de son Roméo elle s’allonge touchant ses cheveux,
Risquant pour la dernière fois un baiser sur ses lèvres,
Un baiser tendre, amoureux,
Lentement elle le rejoint dans le rêve…