Poème:Mésaventure Aux Rayons Des Jouets

Caché derrière les manteaux de fourrures,
A l’abri des fouines, des renards, des visons
L’œil vigilant, silencieux était le petit garçon
Attendant du grand magasin la fermeture.

Il avait semé sa famille dans la grande foule,
Tant pis pour leurs larmes se disait il,
Déjà les rayons sonnaient le creux et le vide,
Dans les rues il n’entendait plus la houle.

Les lustres aux milles étoiles s’éteignaient,
Plongé dans le noir le magasin l’oppressait,
Il quitta son abri, doucement vers les jouets
Il se dirigea à petits pas chaloupés.

Le gardien de nuit faisait sa ronde vers une heure,
Il avait le temps de visiter le rayon rêvé,
De farfouiller à l’envie dans tous les jouets,
De s’amuser puis de se rendre au cerbère sans peur.

Dans sa cachette il s’était inventé milles excuses,
Toute la semaine il s’était entrainé à pleurer
A gros bouillons, à faire couler son nez,
Son imagination n’avait jamais été si profuse.

Il aperçut alors un gros homme au rayon des jouets,
Accompagné par des lutins qui remplissaient des hottes,
Le Père Noel se retourna vers lui, souriant de ses quenottes
Comme la petite souris sous son oreiller.

- « Bienvenu mon petit, sais tu que c’est interdit
De visiter les rayons des jouets hors des heures légales,
Nous allons être obligé de te punir,
Petit lutin tu deviendras. »

Il remarqua alors que tous les lutins étaient des enfants,
Petites filles et petits garçons, sans sourire,
Eux aussi avaient joué les resquilleurs, maintenant
Du vieux barbu ils étaient les assujettis.

On se saisit de lui, aux bras, aux jambes,
On lui enleva ses vêtements,
Tout nu on lui jeta un costume de lutin
Avec son ridicule grelot au bout du bonnet de lin.

- « Allez réveilles toi, il faut faire les paquets
Pour Noel les enfants attendent leurs jouets »

Les enfants lui pinçaient les oreilles,
Il les suivit et commença sa besogne.
Enfant hier, lutin aujourd’hui, plus de merveilles,
Telle est la vérité sans vergogne.

Petits enfants ne soyez pas trop curieux
Sinon à vous de devenir un triste lutin,
Plus de jours heureux,
Que du travail du soir au matin…