Poème:Le Sortilège

Qui pourrait croire que le hasard gouverne nos vies,
Que nos amours ne sont que du destin les fruits.
Il faut bien cher lecteurs croire à ce Divin Enchanteur
Maitre des sortilèges, des tendres péripéties du cœur.

Comme ces statues d’Apollon posant dans les chemins
Cherchant du bout des doigts de Vénus la douce promesse
Nous sommes attachés l’un à l’autre dans ce jardin
Par le fil d’un sortilège qui se rit de nos faiblesses.

Quand au détour de ce bosquet, prés de ce bassin chantant
De son eau vive ordonnée par les jeux du paysagiste,
Nous nous voyons pour la première fois comme ces romans
Qui nous semblaient si mièvres et passéistes.

Comme un rendez vous manqué nous refaisons le même chemin
Jusqu’ au jour où sur un banc face au circulaire bassin
Nous échangeons nos premiers mots alors que des enfants
Se prennent pour de grands capitaines de frêles voiliers blancs.

Qui donc gouverne le jardin du Luxembourg,
Ce ne sont point les austères et assoupis sénateurs
Car des choses, pour eux si futiles, du cœur
Ils ont depuis longtemps arrêté de jouer tambour.

Au fil du temps nos mains se frôlent,
Puis ce sont nos lèvres qui jouent leurs rôles
Sous les regards des statues divines qui s’amusent de nos amours
Depuis le début des temps et espérons le pour toujours.