Poème:Barbe Bleu Et La Fatalité.

Que de tristes fables écrites sur Barbe bleu,
Toutes le décrivant comme un monstre sanguinaire
Assoiffé de sang, en un instant perdant ses nerfs
Sur ses épouses délicates, mais morbleu !

Je me fais son biographe et accuse la Fatalité,
Comme le bon Chéri Bibi hurlant Fatalitas
Ne lui lancez pas de tranchantes caillasses
Je me fais son avocat contre l’obscurité…

Les faits, rien que les faits :

Il épousa sa première épouse un jour d’été,
Il la trouva charmante et toujours gaie,
Mais le bon Barbe bleu avait les oreilles fragiles
Et l’impudente chantait des poèmes de Virgile.
Il l’estourbit derrière le vieux puits
En lui chuchotant : « La Poésie ça se lit ».

Sa seconde était muette, ses oreilles en étaient réjouies
Mais la fatalité allait encore lui jouer des tours.
L’impudente se mettait tout les jours face à lui
Et battait ses mains comme des ailes de vautour.
Ses mains lui paraissaient horribles à papillonner ainsi
Pris d’une rage folle il les lui coupa avec un scie,
Après deux mois cette idylle se finit.

Sa troisième était une toute jeune fille, à lui de l’éduquer
De lui transmettre avec charité les règles du mariage.
Tous les matins il lui donnait leçon mais en la voyant bailler
Devant ses cours magistraux et ne penser qu’à des enfantillages
Il l’attacha à une croix et durant une semaine
Il la laissa bailler aux corneilles…

La quatrième était jalouse, il lui tordit le cou.
La cinquième était capricieuse il la vendit à un Sultan.
La sixième était vieille elle suffoqua pendant les transports…
La septième la pire de toutess, curieuse comme un poux
Avec sa sœur Anne toujours l’accompagnant
Et ses horribles frères terriblement retors.

Il fut assassiné par la fratrie vengeresse
Et son immense fortune dilapidé
Par la veuve joyeuse le temps d’une année :
Fatalité vous dis je, fatalité…